Moralisation du capitalisme, tous les dirigeants des grands pays n’avaient que ce thème à la bouche au moment de la crise économique. Parmi les points essentiels de ces discours, la réglementation des activités des banques et des mouvements de capitaux. Mais en fait, comme dans la chanson de Dalida « Parole, parole », « Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots, rien que des mots »...
Beaucoup de salive et de papier ont été dépensés en Europe depuis 2011 autour de projets de taxe sur les mouvements de capitaux, de plus en plus édulcorés, car le lobby bancaire veillait. En 2016 encore, dix pays de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, s’étaient en principe entendus sur les contours de la taxe. Mais fin janvier 2017, le projet est officieusement enterré. Le prétexte en est le Brexit : alléchées par la perspective d’un transfert d’activité depuis Londres, les grandes places financières européennes (Paris, Francfort, etc.) font toutes la danse du ventre pour séduire les banques internationales basées au Royaume-Uni.
Il en est de même avec la séparation des activités de dépôt de celle de banque d’affaire. La loi bancaire française de 2013 n’a pratiquement pas touché les banques : Frédéric Oudéa, le patron de la Société Générale, avait révélé que le projet de loi concernerait... moins de 1 % des revenus de sa banque. Mais il y avait encore des discussions au niveau européen. Là aussi, janvier 2017 marque un tournant : le projet de séparation bancaire lancé en 2014 est en phase terminale...
Tout cela montre qu’il ne faut pas tout mettre sur le dos de Trump, même si celui-ci vient de donner satisfaction à ses copains de Wall Street : les banques seront à nouveau libres de spéculer totalement librement, et les banquiers ne seront plus obligés d’agir prioritairement dans l’intérêt de leurs clients lorsqu’ils les conseillent sur des placements en vue de leur retraite... Même si l’on peut penser que cette règle était largement théorique, tout cela est très significatif.