Hollande disait en janvier 2012 : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage (…), il ne sera pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » D’où l’article 7 de ses 60 engagements : « Je séparerai les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi de leurs opérations spéculatives (…) et il sera mis fin aux produits financiers toxiques qui enrichissent les spéculateurs et menacent l’économie. » De cette mesure déjà limitée (et qui serait largement illusoire si elle était prise isolément), il ne reste rien dans le projet de réforme bancaire de Moscovici. Pourtant, le ministre se gargarise : « Il s’agit de prévenir les crises, il s’agit de les anticiper, il s’agit de les empêcher et il s’agit de faire en sorte de protéger les déposants. »Sauf qu’il se contredit : « On va créer au sein des banques françaises, en gardant le modèle de banque universelle, des filiales dans lesquelles on cantonne, on isole les activités spéculatives. » Les banques françaises, restant « universelles », continueront de cumuler opérations de marché, gestion des dépôts des particuliers, spéculations… La définition retenue pour les « activités spéculatives » est si restrictive que leur « cantonnement » ne concernerait même pas 1 % du produit net bancaire.Les banques continueront de prendre en otages leurs millions de clients, pour que l’État vole à leur secours avec les fonds des contribuables. Alors que Moscovici prétend que « le projet de loi met fin à la socialisation des pertes », l’agence de notation Fitch se félicite que « la réforme devrait laisser inchangée la dynamique de soutien aux banques du pays par l’État »…Moscovici a juré que cette réforme « n’est pas faite par et pour le lobby bancaire » : elle a été en fait co-rédigée par la Fédération des banques françaises…Yann Cézard
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