L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), qui dépend du ministère de l’Environnement, a cru intelligent de lancer à la fin de 2023 une campagne de spots contre la surconsommation qui met en scène sur un ton humoristique un « dévendeur » pour inciter à moins d’achats « inutiles ».
Une campagne que n’ont pas trouvé à leur goût les patrons du textile à la veille de l’opération commerciale du « Black Friday ». De la sobriété, soit… mais pas trop quand même ! Quand les contradictions du système se voient, elles opposent deux ministres : celui de l’Économie (Le Maire) et celui de la Transition écologique (Béchu).
Les consommations génératrices de profit encouragées
Il est exact que le capitalisme pousse à la consommation. C’est à cela que servent les milliards d’euros investis dans la pub et destinés à nous vanter le dernier modèle de smartphone et autres objets que l’on n’aurait pas besoin de renouveler aussi souvent. Une société socialiste devrait se pencher sur la question dans le cadre d’une planification sociale et écologique.
En réalité, le capital encourage certaines consommations (celles qui génèrent des profits) et en décourage d’autres, notamment les consommations collectives et les services publics. On attend la campagne de l’Ademe réclamant plus de bureaux de poste de proximité et de lits d’hôpitaux ainsi que de logements sociaux…. Mais cela serait contradictoire avec la politique de ce gouvernement (et de ses prédécesseurs de droite comme de « gauche »).
La consommation en août 2023 inférieure de – 5 % à celle d’août 2021
Sous couvert de « développement durable », la campagne de l’Ademe et du ministre Béchu est de plus une nouvelle marque de mépris à l’égard des familles de celleux qui dépendent de leur travail ou de prestations sociales et ne vivent pas des dividendes issus de l’exploitation des travailleurEs.
Ce sont les bas et moyens revenus qui subissent le plus les conséquences de l’inflation à travers les prix de l’alimentation et de l’énergie. Résultat : beaucoup de ménages sont à la recherche des prix les plus bas et réduisent leur consommation. C’est ce qui explique qu’en août 2023, la consommation des ménages en biens était tombée à 45,6 milliards d’euros. C’est près de 2 % de moins qu’une année auparavant et de 5 % inférieur au niveau de la consommation en août 2021 ! Tous les postes budgétaires ou presque sont concernés : énergie (– 3,5 % par rapport à août 2021), biens manufacturés (– 5,1 %), textile (– 6,6 %). L’évolution la plus marquée porte sur les dépenses de consommation de biens alimentaires. Ces dernières chutent de plus de 10 % par rapport à août 2021. Il suffit de consulter les statistiques de l’Insee pour trouver ces chiffres (en reprise dans les médias très limitée depuis août).
C’est sur cette base que le PDG de Carrefour a pu parler de « tsunami de déconsommation » à la fin de l’été (en reprise très limitée aussi), en même temps que se dessinait déjà la répartition des gagnants (Leclerc) et des perdants (Casino) du marché de la grande distribution.
Toujours plus de pauvreté
Quant à la pauvreté, elle ne réduit pas, au contraire. Les banques alimentaires, les Restos du cœur n’ont jamais eu autant de « clientEs ». Au Restos du cœur de Périgueux, explique une bénévole au journal Sud-Ouest, « on arrive tous les mardis à 8 heures, mais on sait que plusieurs bénéficiaires nous attendent dès 3 ou 4 heures du matin pour être sûrs d’avoir un ticket de passage, parmi les premiers ». Dans son rapport de novembre dernier, le Secours catholique pointe lui aussi une aggravation de la pauvreté, les premières victimes étant les femmes, et surtout les femmes avec enfants.
Nul doute que Macron n’en a cure. Ne s’est-il pas félicité dans ses vœux de « Libérer», «protéger », « unir » : « tel est le cap et nous le tenons » !