Publié le Vendredi 29 avril 2016 à 22h13.

Uber, une gigantesque lessiveuse financière

Uber se présente comme l’incarnation de la modernité : une plateforme informatique qui emploie des chauffeurs indépendants et crée des emplois. Mais en grattant un peu, on retrouve une tradition du grand capital : faire de l’argent et ne pas payer d’impôt.

Uber France « emploierait » aujourd’hui aux alentours de 10 000 chauffeurs en France auxquels est retenue une redevance de 20 % sur le montant de leurs courses. Ces courses ne sont pas facturées par la filiale française mais par une autre située aux Pays-Bas (Uber BV) qui en reverse le montant (moins la commission de 20 %) aux chauffeurs. L’argent récupéré par Uber BV part ensuite aux Bermudes mais sous forme d’une redevance payée à une société dénommée Uber International CV et supposée correspondre au droit d’utiliser les brevets d’Uber. Cette redevance fait qu’Uber BV ne fait pratiquement pas de bénéfice et ne paye donc d’impôt sur les bénéfices aux Pays-Bas… Et aux Bermudes, l’impôt sur les bénéfices est nul. Ensuite, le circuit inclut l’État du Delaware, le paradis fiscal interne des États-Unis...

Uber n’est bien entendu pas la seule société à utiliser le mécanisme de la redevance payée à une société étrangère pour échapper à l’impôt. La CGT de la filiale française de Nestlé vient de dénoncer l’augmentation de 3,5 % à 7 % du chiffre d’affaires du montant des redevances versées à la maison mère en Suisse. Du coup, les bénéfices de Nestlé France baissent artificiellement et les impôts aussi : la CGT chiffre à 85 millions d’euros la perte du fisc français. 

Des pratiques bien connues qui n’ont pas empêché une sainte alliance droite-« socialistes »-FN de voter un texte protégeant le secret des affaires (c’est-à-dire les magouilles du capital) au Parlement européen...