À la mi-décembre, l’Insee a publié une nouvelle analyse de la situation économique qui dément les prévisions gouvernementales. Depuis six mois, l’économie française fait du surplace (le PIB a même légèrement baissé au troisième trimestre) et devrait rester poussive en 2024.
Du coup, les créations d’emplois s’affaiblissent et le chômage repart à la hausse ; il atteindrait selon les chiffres de l’Insee 7,6 % en début d’année 2024. L’objectif du plein-emploi à la fin du mandat de Macron (c’est-à-dire pour le gouvernement non pas un chômage zéro mais tombé à 5 %) est inatteignable. Pour s’en rapprocher, le gouvernement a une recette essentielle : renforcer contrôles et sanctions sur les chômeurEs et limiter l’indemnisation des chômeurEs « âgéEs » pour les forcer à accepter n’importe quel poste. Le ministre du Travail Dussopt, qui s’est illustré par ses mensonges répétés lors de la réforme des retraites, annonce « un acte II de la réforme du marché de l’emploi ». Soit un nouveau train de mesures antisociales. Il se dit notamment favorable à la réduction du délai de recours en justice après un licenciement et annonce que le nombre de contrôles des chômeurEs va « au moins doubler ». Leur plein-emploi, c’est la précarisation de l’emploi avec une part grandissante de postes qui ne permettent pas de se loger et de vivre convenablement.
Des prix en hausse de 7,5 % sur un an
L’Insee confirme que les revenus du patrimoine (dividendes, intérêts tirés des placements) ont augmenté fortement. Les marges des entreprises se portent bien et, en moyenne, se situent un peu au-dessus de leur niveau d’avant la crise sanitaire. Les grandes entreprises ont pu utiliser leur capacité à imposer leurs prix, ce qui a alimenté l’inflation et leur a permis des profits records malgré un ralentissement de la croissance de leur activité.
Les prix certes commencent à ralentir en moyenne. « La dynamique des salaires est en train de rejoindre la hausse des prix », a expliqué le chef du département conjoncture de l’Insee. Pourtant cette baisse de l’inflation signifie seulement que les prix augmentent moins vite, pas que les hausses antérieures se sont évaporées. En considérant l’ensemble des points de vente, les prix des produits de grande consommation (alimentation, produits d’entretien) sont en hausse de 7,5 % sur un an. Cette hausse pèse avant tout sur les ménages à bas revenus. Les pertes de pouvoir d’achat depuis deux ans ne sont pas effacées et, de plus, quand l’Insee parle de salaire, cela inclut la « prime Macron » (rebaptisée prime de partage de la valeur-PPV) qui, comme tous les salariéEs le savent, n’est pas du vrai salaire, voire est utilisée par les entreprises comme substitut à des augmentations de salaire.
Par ailleurs, la construction plonge, accentuant la pénurie de logements, en premier lieu sociaux. Le déficit du commerce extérieur atteint des niveaux abyssaux et la production industrielle a du mal à retrouver son niveau de 2017.
Une politique économique qui plaît au patronat
Mais peu importe à Macron. Depuis son accession au pouvoir, il mène avec persévérance une politique que les économistes appellent « économie de l’offre », dont le fil directeur est le soutien aux entreprises par la flexibilisation du marché du travail, la baisse des impôts sur le capital et les entreprises et les restrictions des dépenses publiques (en premier lieu sociales).
Avant lui, Hollande s’était engagé sur cette voie avec notamment la création en 2013 du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) puis avec la loi El Khomri (la première « loi travail »).
Macron et son équipe n’entendent pas renoncer à cette politique qui convient tant au capital. Face au mécontentement, ils font diversion avec des actions de division (comme la loi Darmanin) en attendant les paillettes des jeux Olympiques.