Après le report de la contre-réforme des lycées, deux « missions » ont été mises en place. L’une est menée par le directeur de Science Po Paris, Richard Descoings. L’autre, parlementaire, par Benoît Apparu.
Le rapport Descoings vise surtout à « rassurer » par rapport aux projets précédents de Darcos : on ne parle plus de semestrialisation, de suppression de matières du « tronc commun » ; les filières technologiques, en particulier la série industrielle, seraient revalorisées; les séries, en particulier la ES, préservées ; la méthode du dialogue avec les partenaires sociaux est préconisée. Des propositions séduisantes sont évoquées : fin des cours magistraux à 15 heures, stage à l’étranger pour les langues… Mais, aucune proposition de financement de ces mesures n’est avancée. Dans le même temps, le ministère parle de 17000 suppressions de postes l’an prochain ! Bref, « pas de Grand Soir de l’Education », pour reprendre les termes du ministre de l'Education, Xavier Darcos: ce rapport vise au consensus et à l’économie et il laisse beaucoup de zones d’ombre, notamment sur les missions des enseignants et la mise en place de la « réforme de l’orientation »…
La commission Apparu, elle, avance, avec plus de précisions, une logique d’austérité conforme à la volonté gouvernementale. Les redoublements coûtent 1 milliard d’euros par an, alors «pourquoi pas mettre en place des stages de rattrapage pendant l’été, avec des profs volontaires?» Astucieux, non ? Aucune réflexion sur l’intérêt pédagogique du redoublement. Et puis, en période de crise, il faudra bien occuper les jeunes pendant les vacances… Autre exemple : « En éco et histoire-géo, certains cours se recoupent, on peut donc faire des économies en termes d'heures.» Là-encore, on ne se pose pas la question de l’intérêt pour les élèves de travailler deux visions différentes d’un même problème, on cherche à rentabiliser au maximum. Cette logique ne doit pas être celle du service public d’éducation. De nombreuses propositions, enfin, rejetées pourtant massivement ces dernières années par l’ensemble des personnels et des lycéens, ressurgissent dans le rapport : transfert de l’orientation et de ses personnels aux régions ; extension du contrôle continu au baccalauréat ; semestrialisation des enseignements en seconde (contradictoire avec les préconisations de Descoings).
Dès la rentrée, des expérimentations sont prévues dans 123 établissements qui, pour certains, ont déjà refusé de les mener; des bruits courent sur une application rapide d’une « réforme » du lycée. Il convient donc d’être vigilants et de préparer une riposte à la hauteur. C’est possible, à condition que les principales organisations syndicales, et notamment le Snes, soient plus déterminées qu’elles ne l’ont été lors de cette année scolaire !