Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, une onde de colère a secoué les lycéenEs. Dès lundi 2 novembre, comme à Marseille, mais surtout le lendemain, avec l’entrée en scène des lycées de la région parisienne. D’autres blocages ont eu lieu depuis mais la vague semble s’être retirée. En attendant la suivante, car l’ambiance reste flottante.
Ce sont les conditions matérielles de la rentrée qui ont déclenché la colère. Les lycéens ont pris l’inconsistance du « confinement » en flagrant délit : on ne pourrait plus sortir entre potes mais continuer à s’entasser dans les couloirs ou à 30 dans les salles ? La circulation du virus, c’est sérieux, et les lycéenEs ne voulaient pas contaminer leurs proches. Ils et elles ont avancé la nécessité d’un « réel » protocole sanitaire, formulant çà et là une autre organisation de la scolarité, à leurs conditions : désinfection plus régulière des locaux, plus de transparence sur les cas de la part des administrations, etc. Et surtout le dédoublement des classes, qui figure aussi dans les revendications des profs. Manière d’exprimer la nécessité de réduire la densité dans les locaux – ici, en la divisant par deux.
Les jeunes scolariséEs ne sont pas de la chair à virus
Devant la mobilisation, Blanquer a dû faire un pas de côté vendredi 6 novembre en accordant, au cas par cas, ce fameux dédoublement. Mais dans la bouche du ministre, pas question d’accorder plus de moyens. Le dédoublement devient alors le passage à 50 % de… distanciel ! Un avant-goût d’une fermeture éventuelle des lycées qui complique pour beaucoup la possibilité de suivre leurs études ? Ce n’est pas pour ça que les lycéenEs se sont battus !
Le nœud du problème, c’est le manque criant de moyens dans l’éducation. Le manque de profs, les classes surchargées, le manque de personnels d’entretien, bref ce qui fait que les bahuts sont comme des boîte de Pétri. Cette question des moyens imprègne les aspirations des jeunes mobiliséEs : dans les tracts et les prises de parole, ce sont des embauches nécessaires dont on parle.
De moyens supplémentaires, il n’est pas question. Sauf pour armer les flics qui sont venus déloger les blocages. Le scénario s’est partout répété : à 7 h, un coup de pression et si les jeunes insistent, à 7 h 30, c’est la charge, la dispersion violente. Le caractère systématique de cette répression est le thermomètre de la peur du gouvernement que la colère des jeunes ne s’étende au reste de la population. De meilleures conditions sanitaires, au lycée comme au boulot, n’est-ce pas une aspiration qui pourrait être largement partagée ?
La journée de mardi 10 novembre a eu moins de succès dans les bahuts, côté lycéenEs. Mais la porte reste ouverte car les réorganisations ad hoc posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Les jeunes ont mis un grain de sel dans le « confinement » sauce grandes entreprises. La salière pourrait y passer.