« On ne laissera pas détruire l’école du service public, même si Macron ne veut pas, nous on est là ». Le cortège intersyndical des établissements mobilisés pour un plan d’urgence dans le 93 a ouvert la manif parisienne de la fonction publique du 19 mars.
Et c’était le cortège le plus fourni depuis ceux du 26 février, montrant que les capacités de mobilisation s’amplifient encore après trois semaines d’activités intenses et que le mouvement se ramifie de plus en plus densément dans le département.
La mobilisation se construit dans le 93
La troisième semaine de mobilisation a permis de préparer et de visibiliser la force de la mobilisation, à travers les médias. Jeudi 14 mars, quatre cortèges sont partis de 8 villes différentes pour converger sur la Direction départementale, puis vers la préfecture. Nous étions plus de 4 500 démontrant les capacités de coordination construites du local au départemental. Et le lendemain, jour de la convocation par le rectorat de quatre enseignantEs qui avaient participé à une vidéo avec des élèves (plus de 2,5 millions de vues sur TikTok), le lycée des collègues a été bloqué ainsi que quatre autres établissements du département, mettant un terme aux velléités d’intimidation. Ce même jour de nombreux collèges et écoles étaient vides à l’appel des parents d’élèves pour soutenir les revendications du plan d’urgence et de retrait du choc des savoirs. Enfin le samedi, cinq manifestations ont rassemblé 2 500 personnes essentiellement des parents, illustration de l’ancrage populaire avec en ligne de mire l’objectif d’une reconduction de la grève après le 19 mars.
Fin de non-recevoir gouvernemental
Face à la mobilisation relayée par les députéEs et par les médias, la ministre de l’Éducation s’est fendue à l’Assemblée de vagues promesses de prises en compte des problèmes spécifiques du 93. Mais lorsque des représentantEs de l’intersyndicale ont été reçuEs par un membre de son cabinet, c’était pour une fin de non-recevoir au prétexte que les caisses sont vides et donc qu’il faut s’adresser au Premier ministre et au ministre de l’Économie. En plein week-end, le gouvernement a publié les décrets d’application du choc des savoirs et de la (dés)organisation de la rentrée prochaine dans les collèges, déterminé à passer en force et à balayer toutes les objections depuis celles des chercheurEs jusqu’à celles des professionnelEs du terrain. Transformant ainsi la journée du 19 mars en un test des capacités de réaction.
Imposer un recul à Attal
Dans la plupart des académies, les mobilisations de la journée — pas centrée sur l’éducation mais les attaques en général et les salaires en particulier dans la fonction publique — ont été modestes. Les taux de grève (40 % dans le second degré) mais surtout la mise en place d’un calendrier d’action dans les établissements et les villes du 93 sur toute la semaine, y compris le dimanche 25 mars avec un appel à un rassemblement départemental des parents d’élèves, montrent que dans le 93 la mobilisation n’a pas été stoppée par le mépris gouvernemental. Le 93 y est habitué mais la mobilisation démontre qu’on ne s’y résigne pas. Elle permet aux familles de relever la tête, construit des solidarités entre habitantEs et personnels de l’éducation pour la défense de l’avenir des enfants, mais aussi tout simplement pour le respect de notre dignité à toutes et tous. Et quand cette dynamique est enclenchée, elle ne se stoppe pas. Imposer le plan d’urgence est devenu le combat de dizaines de milliers d’habitantEs avec l’espoir d’infliger à Attal, puisque c’est lui que nous irons interpeler, un recul. Cela devient un enjeu pour relancer une perspective de revendication de l’abrogation de toutes les réformes qui détruisent l’Éducation nationale.