Depuis le mois de décembre, une intersyndicale qui va de Sud-Éducation au SNALC en passant par la FSU, la CGT Éduc’Action et FO appelle à la grève le 26 janvier autour d’un plan d’urgence pour l’éducation.
Un plan d’urgence est clairement à l’ordre du jour lorsque l’on sait que le budget de l’éducation ne représente que 8 % des dépenses publiques contre 11 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE, pourtant pas encore convertis au socialisme. Alors quand Jean Castex nous dit « l’éducation nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire », il y a de quoi voir rouge.
Chute de 18 % du point d’indice
Le budget de l’éducation, c’est avant tout les salaires des personnels, puisque les équipements et toute une partie des personnels agentEs sont gérés par les collectivités territoriales, ce qui génère inévitablement de lourdes inégalités dans les conditions de travail des salariéEs et des élèves. Depuis 2000, le point d’indice qui sert de base de calcul au salaire a perdu 18 % de sa valeur, avec une accélération puisque 14 % ont fondu depuis 2010. Dans l’éducation nationale qui compte 68 % de salariées (82 % dans le 1er degré), les femmes gagnent 13 % de salaire en moins que les collègues masculins. L’égalité hommes-femmes est « en marche » !
Et tous les projets déballés au Grenelle de l’éducation ces dernières semaines ne visent qu’à diminuer encore les salaires en individualisant les rémunérations (au mérite) en lien avec l’accélération du démantèlement du caractère national de l’éducation, déjà bien entamé :
– fin de l’éducation prioritaire et donc baisse des salaires de tous les personnels qui y travaillent puisqu’il s’agissait de primes, dans ce qui représente par exemple 2/3 des écoles d’un département comme la Seine-Saint-Denis qui peine pourtant à recruter ;
– remplacement par des contrats locaux d’accompagnement que chaque établissement qui le demande devrait élaborer, justifier et faire évaluer, et qui ne serait que pour une durée de trois ans, ce qui accentue la mise en concurrence des établissements, de même que les réformes Blanquer du bac général et de la voie professionnelle mettent en concurrence les disciplines et donc les équipes pédagogiques ;
– mise en concurrence entre premier et second degré également, puisque les financements des postes (en nombre insuffisant) dans les écoles se fait par la suppression de 1 880 postes dans les collèges et lycées ;
– mise en concurrence des personnels puisque le versement des primes, pour une enveloppe de 400 millions, en direction des 30 % des enseignantEs les plus récemment recrutés, se fait aux dépens des autres salariéEs, enseignantEs, CPE, professeurEs-documentalistes, assistantEs d’éducation…
Objectifs 26 janvier et 4 février
Et on pourrait égrener de nombreuses autres raisons attisées par la gestion calamiteuse de la crise sanitaire. L’accumulation des bourdes et mensonges de Blanquer à propos des protocoles sanitaires sans moyens pour les mettre en œuvre, des fanfaronnades sur la sécurité dans les écoles, le refus de projeter sur le moyen terme les effets de l’épidémie qui devraient imposer un allègement des effectifs d’élèves, passant par une ré-organisation des cours, un aménagement des programmes. Mais rien de tout cela n’est à l’ordre du jour pour le ministre.
Alors si les salles des professeurEs sont en partie sous l’effet des interrogations et inquiétudes multiples produites par la crise sanitaire, les discussions cheminent. Le 26 janvier et le 4 février en interprofessionnel sont des dates qui seront l’occasion de regrouper et exprimer le ras-le-bol généralisé et l’urgence de moyens pour l’éducation des générations sacrifiées par les politiques des gouvernements successifs.