Le 30 juin, le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, Marc Philippe Daubresse, a mis fin au dispositif de la cagnotte pour lutter contre l’absentéisme. Cette expérimentation initiée en octobre 2009 dans trois lycées professionnels de l’académie de Créteil utilisait le principe bien connu du capitalisme marchand, celui de la « carotte » financière. Bilan de l’opération : la cagnotte a disparu comme elle est venue, sans aucune consultation ni information donnée aux enseignants, aux parents et aux élèves. Au lycée professionnel Alfred-Costes de Bobigny, un des trois établissements pilotes, il n’y a plus d’élèves pour réagir à cette nouvelle. Déjà au mois de février, après une certaine médiatisation contre ce dispositif (Libération, Le Monde de l’éducation…), le projet initial consistant à obtenir le financement du code de la route avait été remplacé par un voyage culturel. Projet pédagogique choisi par le rectorat et les équipes enseignantes concernées, pour mieux faire passer la pilule vis-à-vis du corps enseignant et de l’opinion publique en général. Mais, la nouvelle avait démobilisé la majorité des élèves qui, bien que sceptiques, voyaient dans l’acquisition du permis de conduire, un aspect positif pour leur avenir professionnel. Aujourd’hui, le bilan est plus que négatif. Aucun chiffre n’a été communiqué par le rectorat aux équipes éducatives prétextant un manque de lisibilité sur le nombre trop faible de classes retenues pour l’expérience (six au total). Dans les deux classes concernées d’Alfred-Costes, le taux d’absentéisme a augmenté du fait du manque de personnels de vie scolaire et les élèves ont compris que le gouvernement s’était encore moqué d’eux, que ses annonces sur la revalorisation de la voie professionnelle n’était qu’un leurre. Cela prouve toutefois qu’on ne peut pas monnayer le savoir et que l’assiduité des élèves, précisément en lycée professionnel où ils sont majoritairement en échec scolaire car mal orientés, ne peut passer ni par la « carotte » ni par le « bâton ». Les élèves ne sont pas dupes. Ceux que la presse nomme aujourd’hui les « petits caïds » n’attendent qu’une seule chose : trouver un emploi. Or, le marché du travail et les conditions dans lesquelles ils ont effectué leur parcours scolaire sont délétères comme le soulignent chaque année les milliers de postes supprimés. Il y a plus d’un siècle, les enseignants avaient construit un rapport de forces qui leur permettait de proposer de nouvelles méthodes d’enseignement pour pallier les inégalités socio-économiques. Aujourd’hui, le gouvernement impose au coup par coup des dispositifs piochés dans des ouvrages de management et favorisés par l’autonomie de plus en plus grande des établissements scolaires. Ainsi, le 29 juin, une proposition de loi de l’UMP, facilitant la suppression des allocations familiales en cas d’absences répétées d’un élève, a été adoptée. Il est urgent que les équipes éducatives dépassent le cadre de leur établissement pour reconstruire le rapport de forces permettant de sauver l’enseignement public ! Martha Jane
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