L’OCDE vient de publier sa dernière étude Pisa sur les performances des élèves en France. Malgré les faibles résultats, l’OCDE pousse à poursuivre les contre-réformes qui détruisent le service public d’éducation. Le programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) est un ensemble d’études de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs d’une soixantaine de pays. Tous les trois ans, Pisa évalue les compétences des jeunes de 15 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences. Les résultats des études menées en 2009 ont été publiés le 7 décembre. Le système éducatif français se singularise par de fortes inégalités. Les résultats des élèves inscrits dans les établissements de l’éducation prioritaire enregistrent une baisse de 12 points : ils obtiennent des scores inférieurs de 22 points avec les élèves scolarisés dans des collèges publics, et inférieurs de 35 points avec les élèves scolarisés dans des collèges privés. Socialement, les résultats des élèves favorisés sont supérieurs de 50 points à ceux des élèves défavorisés, soit l’équivalent de plus d’une année d’école ! L’enquête révèle également que les élèves issus de l’immigration ont deux fois plus de risque d’être en échec scolaire que les autres élèves. Autre inégalité, celle de genre : l’écart entre filles et garçons représente près de 40 points en lecture. Cet écart s’est creusé depuis 2000. Loin de critiquer les contre-réformes touchant le système éducatif français, l’OCDE recommande des directives claires indiquant les savoirs à connaître, les valeurs à transmettre et les attitudes à acquérir en insistant sur l’efficacité de la discipline. Les établissements doivent être plus autonomes et les chefs d’établissement, des leaders. Les aides aux élèves en difficulté doivent être apportées sur le temps familial. Pour l’OCDE, il vaut mieux mettre l’argent dans une augmentation de salaire des enseignants que dans la diminution du nombre d’élèves par classe. En bref, l’OCDE conseille d’aller plus en avant dans les contre-réformes touchant notre système éducatif ! Le contraire aurait été étonnant...Pisa dans la lignée des contre-réformesÀ l’instar des nouveaux programmes, du socle commun des compétences, etc., les méthodes et les objectifs de Pisa visent à évaluer non pas les savoirs mais les compétences des élèves, mises en œuvre dans l’ensemble des systèmes éducatifs européens, quels qu’ils soient. Des systèmes éducatifs dans lesquels l’accès aux savoirs ne constitue plus un objectif d’enseignement. Ceux-ci sont relégués au rang d’instruments devant servir au développement des compétences pour mettre en avant une pédagogie annoncée comme novatrice : l’approche par compétence (APC). C’est en réalité une négation des pédagogies reposant sur les travaux de Piaget, de Vygotski ou sur la pédagogie Freinet. Se situant dans une perspective constructiviste, ils estiment que le savoir constitue le but même de l’apprentissage et seules les activités de l’élève lui permettent d’y accéder. Or, avec les compétences, le savoir n’est qu’un accessoire dont on peut occasionnellement avoir besoin pour réaliser une tâche. Ce qui est alors évalué avec Pisa est la réussite à un exercice, la réponse à une question fermée, en bref l’efficacité d’un conditionnement. Une véritable démocratisation scolaire passe par une « refonte » d’ensemble de notre système éducatif. Certaines expériences ont montré qu’un taux de réussite de près de 100 % des élèves dans les quartiers populaires est possible dès le CP à condition de mettre en œuvre des dispositifs pédagogiques qui manifestent une réelle exigence intellectuelle à l’égard des élèves, tout en leur donnant les moyens de surmonter les difficultés d’apprentissage. Il faut « révolutionner » l’ensemble du système éducatif, en tant que service public. C’est l’affaire de tous et toutes, il faut le construire ensemble. Nina Lehair