Publié le Jeudi 16 septembre 2021 à 09h18.

Le droit à l’éducation en danger en Seine-Saint-Denis

Blanquer se félicite de la rentrée dès qu’il en a l’occasion. Mais la réalité des établissements et des écoles ramène impitoyablement aux dégâts de 20 ans de politique de casse de l’école, avec une spéciale dédicace pour l’œuvre de Blanquer, le ministre de l’Éducation le plus « durable » de la Ve république !

De ce point de vue, la situation en Seine-Saint-Denis, trop souvent laboratoire avec Marseille des politiques de démantèlement du service public d’Éducation est éloquente et commence heureusement à produire des réactions.

Chaos et manque de personnels

Car en Seine-Saint-Denis, n’en déplaise à Blanquer, la rentrée est à l’image du désossement de l’Éducation nationale. Si on oublie (mais ce n’est pas possible) les désastres produits par les incompétences de chefs d’établissement incapables de faire des emplois du temps, dans de nombreux établissements du second degré, en particulier des lycées, des dizaines de postes ne sont pas pourvus. Dans des établissements, en particulier des lycées professionnels qui ne sont pas la priorité du ministère polarisé sur les chiffres des contrats en apprentissage, il arrive que certaines classes se retrouvent avec une équipe pédagogique réduite à deux enseignantEs. Et cela, alors que près de 1 000 contractuelEs sur l’académie de Créteil n’ont pas été affectés. Mais c’est aussi le résultat du manque de candidatEs aux concours de l’enseignement, par exemple en math-sciences, il y a moins de candidatEs que de postes ouverts au concours. Mais cela n’interroge pas le ministère.

Et quand il y a des enseignantEs devant les élèves, il n’y a pas d’assistante sociale, ni d’infirmière scolaire ou de psychologue EN. Dans le 93, il manque « juste » 45 infirmières scolaires, 18 équivalents temps plein d’assistante sociale (ce qui veut dire plus de 18 établissements privés d’assistante sociale), et ce n’est pas comme si nous étions dans un des départements les plus impactés par l’épidémie, où les jeunes sont les moins vaccinés, et les familles premières victimes des effets de la crise économique après avoir été les premières de corvée dans les commerces, le nettoyage ou la restauration ! Dans les lycées professionnels et technologiques de nombreux élèves doivent faire des stages soumis au pass sanitaire. Pour celles et ceux qui ne seraient pas vaccinés et encore moins en état de faire des tests tous les jours, payants à partir d’octobre, c’est leur scolarité qui est en jeu. Et la seule réponse institutionnelle, c’est la vaccination, rendue obligatoire de fait, alors même que dans de nombreux cas, il n’y a pas d’infirmière scolaire pour en discuter un tant soit peu sereinement avec elles et eux.

Dans le 1er degré aussi

Dans le 1er degré, alors que Blanquer se targue d’avoir initié la systématisation du dédoublement des classes en grande section de maternelle, CP et CE1 en éducation prioritaire, on est loin des 12 élèves par enseignantE. Dans le 93, ce sont plutôt 14, 15 voire 18 élèves par enseignantE. Et il faut espérer que ces personnels ne tomberont pas malades, ou ne prendront pas de congé maternité, car il n’y a plus de ressources en remplacement. Sur le département, il manque « juste » un millier de personnes pour accompagner les enfants en situation de handicap, condition indispensable pour mettre en œuvre l’inclusion scolaire de ces enfants. Enfin, le département sert aussi de laboratoire pour les Cités éducatives de Blanquer destinées à faire table rase de la politique d’éducation prioritaire, avec la subordination des enseignantEs de l’élémentaires et des collèges à un principal, la soumission des projets, mantra de la politique éducative, au représentant du ministère chargé de la Ville en plus de celui de l’Éducation, et enfin la désintégration de la liberté pédagogique des enseignantEs sous prétexte de projets partagés avec des associations, poissons pilotes de groupes privés.

Heureusement des établissements amorcent une mobilisation, à Bobigny, Aulnay-sous-Bois ou Saint-Denis, des équipes refusent de jouer ce jeu macabre pour leur pratique professionnelle mais surtout pour l’avenir de leurs élèves. Le 23 septembre et le 5 octobre seront une échéance pour construire et élargir ces mobilisations.