Alors que le ministre répète depuis septembre que la situation est « sous contrôle » dans les établissements scolaires, sur les plans sanitaire et pédagogique, la réalité est toute autre. Les contaminations se multiplient, et aucun réel moyen pédagogique n’a été mis en œuvre pour compenser les séquelles du premier confinement.
Au contraire, Blanquer a imposé l’augmentation du nombre d’élèves par classe, la réforme du lycée et du bac, et réprime celles et ceux qui contestent sa politique comme les quatre enseignantEs de Melle sanctionnés pour faits de grève ou plus récemment les lycéenEs brutalisés par la police devant leur lycée.
Dix jours de mobilisation massive contre Blanquer et sa politique
Au retour des vacances d’automne, l’annonce d’un protocole « renforcé » dont les mesures sont facultatives et inapplicables, a mis le feu au poudre. En effet, l’étroitesse des locaux et les classes surchargées empêchent toute distanciation physique. L’insuffisance structurelle du nombre de remplaçantEs, dans les écoles primaires et maternelles, a obligé de nombreux et nombreuses élèves à se répartir au sein d’autres classes. Dans certaines écoles, des enfants mangent dans des salles de classe pour désengorger la cantine, et leurs profs dans leur voiture ! Parfois, ce sont les salles des profs, qui, faute de mieux, servent à isoler les enfants symptomatiques. Dans des collèges, pour éviter les déplacements, les élèves sont assignés à une salle, mais restent sans surveillance entre deux cours ou pendant des heures d’études. En lycée, les groupes de spécialités recoupent plusieurs classes et brassent les élèves. Partout les personnels d’entretien ne sont pas assez nombreux pour assurer la désinfection.
Dès le lundi 2 novembre, des établissements, surtout des lycées, se sont mis en grève, en droit de retrait, pour revendiquer la diminution des effectifs des classes. Dans les jours qui ont suivi, un appel national à la grève pour le mardi 10 novembre était lancé, pour la mise en place de demi-groupes, et un recrutement urgent et massif de personnels.
Face à la pression, jeudi 5, Blanquer autorisait les lycées à passer en demi-groupes. Par conséquent, la grève du 10 a été relativement peu suivie dans les lycées, pris par l’élaboration des nouveaux fonctionnements. Cependant, la grève a été importante dans les collèges (où les demi-groupes sont toujours prohibés à de rares exceptions près), avec 45% de grévistes annoncés par le SNES. Il est remarquable que les assistantEs d’éducation et les agentEs d’entretien, premiers de corvée dans les établissements, ont été significativement en grève. En effet, ils et elles subissent de plein fouet les contradictions d’un protocole sanitaire rendu impossible faute de moyens. Dans le premier degré, c’est avant tout la question du recrutement d’urgence, notamment de remplaçantEs et d’AESH (acompagnantE d’élève en situation de handicap) qui a été le moteur de la grève. Le SNUipp annonce 20% de grévistes, ce qui est significatif pour une grève appelée quatre jours plus tôt, dans un secteur où les grévistes doivent se déclarer 48h à l’avance.
Pour des effectifs réduits dans les classes, et à temps plein !
La rupture entre personnels, élèves et Blanquer est consommée. Qu’on le dégage ! Sans se contenter d’un fusible, si menteur, méprisant et autoritaire soit-il, c’est toute la politique qu’il incarne qu’on doit rejeter. Il est regrettable que dans la communication syndicale, et dans les médias, les revendications pédagogiques et l’exigence d’investissements massifs aient été éclipsées par la question des demi-groupes « sanitaires ». Ces demi-groupes sont nécessaires face à l’urgence de l’épidémie mais le passage à mi-temps pour les élèves est problématique. Avec la moitié de leurs cours en moins, les élèves ne pourront pas effectuer les mêmes apprentissages. C’est pourquoi il est indispensable de poursuivre la mobilisation pour des aménagements immédiats de programmes et le passage de toutes les épreuves de bac en juin (certaines sont toujours prévues en mars). Cependant, là où les demi-groupes ont été mis en place, les élèves étudient dans un cadre plus serein, les personnels sont plus disponibles et les apprentissages sont favorisés. Finalement, les élèves perdent moins que la moitié de leurs apprentissages car il apprennent mieux. Cette expérience laisse entrevoir ce qu’est une école à taille humaine. Elle doit nous convaincre de nous battre résolument et dès maintenant pour revendiquer un plan d’urgence dans l’éducation, basé sur des recrutements massifs de personnels, toutes catégories confondues, et la réquisition de nouveaux locaux pour assurer une diminution massive des effectifs dans les classes et les établissements et des cours à temps plein.
Pour imposer un tel plan d’urgence, il faudra pousser en faveur d’une nouvelle journée de grève dès les tous premiers jours de décembre, et à l’organisation de manifestations, le samedi par exemple, aux côtés des soignantEs notamment dont nos revendications se rejoignent : pour des recrutements, des réquisitions, l’ouverture de lits, l’ouverture de classes…