Le 29 août dernier, Jean Michel Blanquer l’annonçait au Journal du dimanche : « nous sommes préparés à tout ». Force est de constater, quinze jours après la rentrée, qu’il s’est (encore) trompé.
De la maternelle à l’université, les effectifs explosent. Un des effets du confinement est que plus de jeunes sont passé dans la classe supérieure. C’est logique : il est impossible de faire redoubler une génération entière d’élèves au prétexte qu’ils et elles auraient loupé trois mois de cours. Mais le ministère n’a pas anticipé l’ouverture indispensable des classes. Aucun poste d’enseignant n’a été créé dans les écoles ou collèges et la réforme du lycée a entraîné une perte de milliers de postes.
« Redresser le pays »
Blanquer aurait, pourtant, demandé l’embauche de 3000 enseignantEs au Premier ministre, ce qui est une goutte d’eau par rapport aux besoins réels. Mais la réponse de Castex a été sans appel : « C’est le genre de créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays » (d’après le Canard enchaîné). Voilà une vision fort sympathique de l’école !
Quant aux 10 000 postes annoncés à la rentrée 2020 dans les universités, c’est une goutte d’eau par rapport au 60 000 qui seraient nécessaires. Pire encore : le nombre de places aux concours d’enseignement du second degré (collèges et lycées) a baissé de près de 10% par rapport à l’année dernière. Or, on sait bien que diminuer le nombre d’élèves par classe est un levier essentiel pour permettre la réussite scolaire de touTEs. Mais le ministre ne s’intéresse pas à cela. Au contraire. Il ne propose que des évaluations de début d’année pour connaitre le niveau des élèves. Alors que les jeunes ont avant tout besoin d’école et d’enseignement, après une interruption depuis mars dernier.
Le gouvernement persiste dans ses erreurs
L’hiver dernier, des centaines de milliers d’enseignantEs se sont mis en grève contre la réforme des retraites, qui visait à indexer leurs pensions sur le PIB, entraînant des pertes de 500 à 800 euros par mois. La baisse de 20% du PIB en 2020 n’a pas empêché Jean Castex de maintenir le cap : « Nous la ferons » déclarait-il le 3 septembre dernier à propos de la contre-réforme des retraites. La réponse aux milliers de grévistes (profs et élèves) contre la réforme du bac en janvier dernier a été de changer le nom des épreuves qui, d’épreuves communes de contrôle continu (E3C) deviennent des épreuves communes (EC). Mais rien d’autre. Comme nous l’avions annoncé, les emplois du temps, les cours et les épreuves sont un casse-tête sans fin. Bref, ce sont encore les jeunes et leurs enseignantEs qui payent les pots cassés.
Covid-19 : ni fait, ni à faire
Avoir anticipé la rentrée en tant de pandémie aurait supposé de limiter les effectifs par classe, de diminuer le temps de travail des enseignantEs (dont la difficulté au travail s’est accrue avec le masque), de diminuer les programmes scolaires pour permettre à touTEs l’acquisition des connaissances. Cela supposerait une embauche massive et la réquisition de bâtiments vides pour créer des écoles à taille humaine. Au minimum, il aurait été facile d’installer des lavabos et savon dans les établissements. Mais c’est exactement le contraire qui se passe. Les masques en tissu fournis aux personnels sont inefficaces en utilisation continue ; l’identification des cas contacts Covid (et donc des arrêts d’enseignants ou de fermeture de classe) est largement sous-estimé, car « la priorité c'est que les parents puissent continuer à travailler », comme le dit la ministre du Travail, Élisabeth Borne. Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce que, par exemple, les personnels du lycée Paul Éluard (Saint-Denis) aient fait valoir leur droit de retrait cette semaine.
Au-delà, le gouvernement aurait dû s’intéresser à la dimension pédagogique sur les gestes barrières, comme cela avait été fait (au bout de près de 10 ans) au sujet du SIDA. Cela passe par une campagne massive d’information sur comment (et pourquoi) porter un masque (à la télé, à la radio, sur internet), ainsi que sur les risques. Cela suppose une modification des programmes scolaires. Mais là encore, la seule réponse du gouvernement est une amende de 135 euros.
TouTEs ensemble le 17 septembre !
Malgré tout, les enseignantEs ont repris le chemin de l’école le 1er septembre. Mais il est de plus en plus évident qu’il faut arrêter ce gouvernement de pitres, qui ne pensent qu’aux profits des entreprises. C’est le sens de l’appel à la mobilisation pour le 17 septembre, déposé par 12 organisations syndicales. Au-delà du travail syndical, indispensable, à nous de réactiver les assemblées générales et coordinations que nous avons fait vivre l’hiver dernier. À nous de créer de nouvelles structures et de nouveaux moyens de coordination pour affirmer : à bas Blanquer, Castex et Macron. Nous voulons une école émancipatrice, que nous construirons touTEs ensemble.