Publié le Vendredi 4 juin 2010 à 12h30.

Rythmes scolaires : un cheval de Troie gouvernemental

Le projet de modifier les rythmes scolaires n’est qu’une arnaque de plus pour cacher les vrais problèmes.Luc Chatel vient de faire une nouvelle annonce de réforme des rythmes scolaires. Ceux-ci ne sont en effet pas adaptés aux enfants mais le gouvernement a justement aggravé la situation en 2008. À l’époque, dans le primaire, Xavier Darcos avait imposé la semaine de quatre jours pour mettre en place une politique de soutien scolaire absurde pour les élèves en difficulté (une heure supplémentaire le soir pour les élèves qui ont déjà du mal avec l’école). Les enseignants avaient dénoncé l’hypocrisie de cette réforme car au même moment s’engageait la suppression de milliers de postes du Réseau d’aide aux élèves en difficulté (Rased) qui, avec des enseignants spécialisés et formés, prenaient à part les élèves durant le temps scolaire. Malgré les grèves et les nombreuses mobilisations, Darcos est passé en force. Les conséquences de cette réforme sont nombreuses ; elle a notamment rendu beaucoup plus difficile, pour de nombreux parents qui travaillent, la possibilité de rencontrer les enseignants ou les autres parents. C’est ce même gouvernement qui a très brutalement sanctionné les enseignants « désobéisseurs » qui ont à juste titre refusé cette réforme et mis en place d’autres projets pédagogiques bien plus intéressants, avec le soutien des parents. C’est ce gouvernement qui, en étranglant financièrement les collectivités locales, rend le financement de nombreuses structures sportives et culturelles impossible, avec des milliers d’animateurs, intermittents du spectacle au chômage. C’est encore ce gouvernement qui supprime les postes aux concours d’enseignement de l’éducation physique et sportive… Maintenant, Chatel annonce fièrement qu’il va développer le sport à l’école tous les après-midi. Pourquoi seulement le sport ? Avec quels moyens ? Tout cela n’est que de la poudre aux yeux. Au même moment, une circulaire de modification de la carte scolaire est envoyée aux inspections académiques exigeant de trouver de nouveaux postes à supprimer. Dans un langage bureaucratique rempli de langue de bois, le ministère demande de « mobiliser les gisements d’efficience visant à respecter la contrainte du non-remplacement d’un départ sur deux pour la période 2011-2013, sans dégrader les performances globales ».

Passé les euphémismes de l’introduction du rapport, les solutions envisagées aussi bien en primaire que dans le secondaire sont explicites : « augmentation de la taille des classes, réduction du remplacement, baisse de la scolarisation à 2 ans, augmentation du nombre d’élèves par classe, réduction du volume des décharges »... En réalité, le ministère va poursuivre et amplifier sa politique de réduction brutale des postes d’enseignants (moins 80 000 postes de 2007 à 2012), ce qui ne pourra que dégrader les apprentissages. Il fait payer à l’école les milliards que Sarkozy donne aux banquiers ! Il joue donc sur plusieurs variables pour « gérer » la crise de l’école : baisse des volumes horaires pour les élèves, augmentation du temps de travail des enseignants.

Mais il ne joue pas de ces leviers simultanément, de manière explicite. Il essaye de diviser les parents et les enseignants sur les rythmes scolaires. Il y a donc des pièges à éviter. Par exemple, la FCPE (principale fédération de parents) demande le retour à la semaine de quatre jours et demi. Chatel se dit « ouvert » sur cette question, mais cela ne doit pas se traduire par une nouvelle augmentation du temps de travail des enseignants, mais par des embauches de personnels, la titularisation des précaires, le rétablissement d’une véritable formation des enseignants.

Cela ne pourra pas se faire sans la mobilisation unitaire et massive des parents et des enseignants. Il en va de l’avenir des enfants et des conditions de travail des enseignants. Antoine Boulangé