Publié le Mardi 10 novembre 2020 à 15h46.

Une « grève sanitaire » pour la sécurité sanitaire dans l’Éducation nationale

Ce mardi 10 novembre, un mobilisation nationale intervient après une semaine de rentrée marquée par de nombreuses mobilisations contre le protocole prétendument renforcé de Jean-Michel Blanquer. Partout sont apparues des grèves, interpellation des autorités académiques par les parents, mais aussi la démonstration par l’exemple sur les réseaux sociaux que nulle part l’hygiène, la désinfection et des distances physiques suffisantes ne sont possibles.

Aucune anticipation par le ministère

Après plusieurs mois à nier l’évidence, le ministre est mis au pied du mur par les mobilisations. Obligé de céder des demi-groupes en lycée, il apparaît bien affaibli.

Une politique sanitaire digne de ce nom aurait permis d’anticiper les recrutements nécessaires, les travaux, les réquisitions de locaux qui auraient rendu possible une rentrée sécurisée. Ce ne fut pas le cas. Aussi chacun pare à l’urgence. Ni satisfaisant du point de vue pédagogique sans recrutements et aménagements de programmes, les demi-groupes ont pour seul mérite de mettre de la distance entre les élèves et d’éviter à tout prix le confinement total des personnels et des élèves. Celui-ci ayant provoqué beaucoup de dégâts sur la scolarité et ayant creusé les inégalités au printemps.

Un mouvement en construction

Le lycée, partiellement entendu ces derniers jours, était en retrait et la grève s’est surtout concentrée en collège. À l’école élémentaire les mobilisations sont plus éparses. Les délais de préparation de cette grève dans un contexte de rentrée compliquée et l’obligation de déposer son intention de faire grève 48 heures à l’avance, ainsi que l’obligation morale de prévenir les parents suffisamment en amont, ont pesé sur le premier degré. Les professeur·es des écoles ne sont pour autant pas moins inquiet·es des conséquences de l’épidémie.

À Rennes, il y avait 300 personnes devant l’inspection académique, avec pas mal d’assistantEs d’éducation en grève, il y avait 30 % de grévistes sur la département. À Paris, un millier de personnes se sont rassemblées, à Toulouse, autant on manifesté. À Tours, 250, tandis qu’à Bordeaux la manifestation était très petite. À Limoges, 100 à 150 personnes se sont rassemblées, surtout des collèges. Pas mal d'AED et quelques anciens GJ.

Ne pas relâcher la pression

Ainsi, avec presque la moitié des équipes en grève en collège, Blanquer ne peut pas rester silencieux. Il se doit de prendre en compte les revendications avancées. Mais la mobilisation ne doit pas en rester là : rien n’est réglé pour permettre un rattrapage scolaire des conséquence de la pandémie, les locaux sont en temps normal inadaptés, par manque de toilettes par exemple, mais aussi souvent trop petits au regard de la démographie. Les agents territoriaux sont de moins en moins nombreu·ses·x pour assurer l’accueil et l’hygiène des locaux et la dégradation sur ce plan, déjà palpable au quotidien, devient intenable en situation d’urgence sanitaire. Les classes sont surchargées en temps normal et le contexte sanitaire vient révéler cet état de fait.

Ainsi la pression ne doit pas se relâcher, des discussions doivent se poursuivre dans les jours qui viennent pour discuter de la reconduction de la grève, de la poursuite de la mobilisation face à un ministre irresponsable et incompétent.