Les salariés de l’entreprise Arbel Fauvet Rail (AFR), à Douai (Nord), se battent contre la fermeture de leur usine. Les grévistes ont obtenu un rendez-vous au cabinet de Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, le vendredi 30 avril. Depuis le 30 mars, les salariés d’AFR ont décidé de résister en occupant leur outil de travail, et en virant leurs dirigeants incompétents. Ils ont élaboré un projet de reprise de l’activité industrielle de manière autogérée, en récupérant les brevets techniques. Pour un maintien de leur site industriel, ils sensibilisent un large public à leur lutte et sont rejoints en cela par les ouvriers du ferroviaire du secteur (Bombardier, Alstom, Delos, Forges de Fresnes). Cependant, il leur faut trouver de l’argent pour relancer la production, et une volonté politique de créer un pôle ferroviaire cohérent dans le Douaisis et le Valenciennois. Le 29 mars, lors du comité d’entreprise, le président a annoncé qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses après paiement des salaires ! Alors que les principaux dirigeants d’AFR s’octroyaient des salaires de 25 000 euros... L’entreprise a été pourtant subventionnée par la Communauté d’agglomération et la région Nord-Pas de Calais à hauteur de 10 millions d’euros ces cinq dernières années, mais les investissements promis par l’actionnaire principal ne sont jamais arrivés. L’argent des contribuables, livré sans contrepartie par les décideurs politiques locaux, n’a pas sauvé l’entreprise. À ce pillage patronal s’ajoutent les actes politiques d’une casse sans précédent du fret ferroviaire : non loin de Douai, à la gare SNCF de Somain, l’activité fret et 300 cheminots sont gravement menacés. En dépit des nécessités écologiques, ce sont des dizaines de milliers de camions supplémentaires qui encombreront les routes ! Lors de leur entrevue avec Estrosi, les grévistes ont mis sous le nez du gouvernement ses engagements politiques, pris lors du Grenelle de l’environnement et des États généraux de l’industrie. AFR Douai est en effet la dernière entreprise de construction de wagons sophistiqués pour le fret ferroviaire, employant 226 salariés. Les salariés politisent leur lutte pour que les décideurs ne se défilent plus. Pour que les belles paroles du gouvernement se traduisent en actes, ils maintiennent la pression jusqu’au délibéré du tribunal de commerce de Paris, qui devait analyser leur projet de reprise le mercredi 5 mai. À chacune des étapes, c’est tout notre soutien que nous apportons aux salariés d’AFR dans leur lutte pour l’emploi et l’environnement. Correspondant