Publié le Mercredi 2 décembre 2015 à 07h48.

Air France : Aujourd’hui et demain, on est toujours là !

Cette semaine sera un moment fort dans la mobilisation des salariéEs d’Air France avec deux rendez-vous appelés par l’intersyndicale.

Ce mercredi 2 décembre, les salariés mis en cause après l’investissement du 5 octobre et le fameux arrachage de chemise passent devant le tribunal correctionnel de Bobigny. On sait à l’avance que cette audience ne fera que repousser la véritable audience et les plaidoiries qui devraient avoir lieu seulement au printemps prochain. Mais la mobilisation devant le tribunal de Bobigny est heureusement  maintenue, et il est plus que jamais nécessaire de montrer notre solidarité avec les 5 inculpés pour l’exemple... Car il s’agit bien de faire un exemple.

Ce mercredi 2 décembre, et après on continue !

Le 5 octobre dernier, nos dirigeants et nos patrons ont pris peur. Les salariéEs ont exprimé leur juste colère, ils ont montré que le mouvement social pouvait se réveiller. Alors dirigeants et gouvernants veulent sévir, condamner. Les salariés en question sont déjà licenciés mais ce n’est pas suffisant. Il faut que la justice pénale, la justice d’État, sévissent aussi. Parce que l’enjeu est réel : il s’agit de criminaliser l’ensemble du mouvement social pour bâillonner toute contestation. Ils veulent briser les possibilités de résistance. Pour éviter que la colère des travailleurs, de la jeunesse, des précaires, chômeurs ou retraités débordent un jour.

C’est pour cela que nous sommes dans la rue, en soutien aux 5 d’Air France, ce mercredi 2 décembre. C’est aussi pour cela qu’au printemps prochain, nous serons toujours là en soutien des inculpés lors de leur jugement. Parce que l’enjeu dépasse Air France, il n’y aura pas que les salariéEs de la compagnie qui seront présents devant le tribunal de Bobigny : l’ensemble du mouvement syndical, notamment la CGT et Solidaires, se mobilisent aussi contre la répression.

Une intersyndicale soudée… malgré ses limites

L’intersyndicale d’Air France appelle également à un sit-in ce jeudi 3 décembre dans le siège de l’entreprise à Roissy. Cela montre la volonté de redevenir « respectable ». Même si l’intersyndicale soutient – à juste titre ! – les inculpés, elle souhaite surtout éviter à présent tout « débordement » : il faut montrer un visage lisse et apaisé, prêt au « dialogue social »... Alors même que l’on est face à une direction qui ne souhaite pas, elle, dialoguer !

Pour le moment cette intersyndicale est restée soudée malgré ses contradictions. Elle est composée d’organisations représentant l’ensemble des personnels – hôtesses, stewards, personnels au sol et pilotes – ce qui est en soit une victoire au sein d’Air France. La direction a trop longtemps joué et appuyé sur les divisions syndicales et les divisions entre catégories de personnel. L’intersyndicale réussit à produire en commun des appels à mobilisation, communiqués et analyses. C’est le résultat de compromis des différentes organisations qui pour le moment restent unies pour la défense des 5 inculpés et contre les suppressions d’emplois.

Mais cette unité a ses limites, notamment dans la construction des mobilisations et les appels à la grève. Jusqu’à présent, le puissant SNPL, syndicat ultra-majoritaire chez les pilotes, refuse d’appeler à la grève. Une partie des autres organisations corporatistes de navigants ont les yeux rivés sur le SNPL et l’attendent pour bouger. Mais cela évolue favorablement : pour les 2 et 3 décembre, le SPAF et ALTER, les deux autres syndicats de pilote, appellent à la grève. Chez les hôtesses et stewards, seuls SUD Aérien et la CGT appellent à la grève. Au sol, cet appel est passé par SUD Aérien, la CGT et des sections de FO et de l’UNSA.

Prendre exemple sur Lufthansa

Ces appels à plusieurs vitesses, qui peinent à se construire, démobilisent les salariéEs. Il n’y aura donc pas de grève massive en cette première semaine de décembre. Mais c’est la construction d’un mouvement qui reste encore devant nous, car le plus dur reste à venir pour les agents d’Air France. Les annonces concrètes d’augmentation du temps de travail et de suppression de postes vont arriver. Certains salariéEs, et leurs organisations, sont en attente de voir à quelle sauce ils vont se faire manger. Mais les mesures antisociales font finir par tomber, et c’est dès maintenant qu’il faut construire nos réponses à ces attaques.

Le modèle de la direction d’Air France est Lufthansa. Aujourd’hui les salariéEs de Lufthansa subissent des attaques comparables à celles que subissent les salariéEs d’Air France, cela alors même que leur compagnie s’apprête à annoncer des résultats record ! Mais chez Lufthansa, les personnels navigants ont fait une grève suivie pendant plusieurs jours au mois de novembre, avec un impact réel sur la production. S’ils n’ont pas encore gagné sur leurs revendications, notamment sur leur régime de retraite, leurs collègues du sol viennent d’obtenir une revalorisation de salaire. C’est maintenant aux salariéEs d’Air France de prendre exemple sur leurs collègues allemands.

Correspondant