En prévoyant la suppression de 5 000 emplois en moins en deux ans, Air France veut développer sa croissance sur le dos des salariés. Deuxième transporteur aérien mondial, le Groupe AF/KLM a un appétit d’ogre : rachat d’Alitalia, mainmise sur le marché de l’Afrique de l’Ouest et de l’Océan Indien, développement en Asie, etc.Et pour tout cela, le groupe veut des capitaux et attirer les investisseurs. Seul hic dans cette perspective, les salariés d’Air France ont su depuis 30 ans maintenir des salaires et des acquis qui font désordre pour les agences de notation ! La direction veut donc imposer un recul social d’ampleur, un « changement de modèle social » comme le dit le nouveau PDG Alexandre De Juniac : blocage des salaires et des avancements sur deux ans, baisse de l’ancienneté, blocage des embauches, mise en pièces des accords collectifs sol et navigants. Au total, une baisse des effectifs de plusieurs milliers d’emplois, une baisse des rémunérations permettant un gain de 20 % de productivité et de 5 à 700 millions d’économie pour les patrons.
Pour imposer cela, les dirigeants font de l’intox depuis six mois sur la situation « catastrophique » de l’entreprise, des « centaines de milliers d’euros de pertes », alors que les avions sont pleins, qu’AF/KLM prévoit d’ici 2015 plus de 2 % de croissance annuelle, et a réalisé en 2011 plus de 1 milliard d’investissement. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, à part SUD, aucun syndicat ne s’oppose réellement à la propagande de la direction ni n’appelle à se mobiliser. De même, seuls le NPA et LO dénoncent la supercherie, le PCF quant à lui gobe la farce du déficit et appelle l’État à la rescousse pour donner des capitaux ! Le 21 juin, date d’annonce des « sureffectifs » en comité central d'entreprise (CCE), l’appel à la grève de SUD Aérien, malgré une très grande sympathie, a donc eu peu d’impact à l’échelle de toute l’entreprise, beaucoup de salariés attendant le détail des annonces et espérant quand même une réaction syndicale plus large.
La dernière réunion de « négociations » aura lieu ce vendredi 29 juin, les signatures des nouveaux accords pourris prévues d’ici les premiers jours de juillet.
Mais la colère monte : vendredi 22, plusieurs centaines de mécanos du centre industriel d’Orly ont débrayé, après qu’un cadre a annoncé la fermeture d’un hangar avion. Mécanos avion et moteur se sont retrouvés. Un collectif des salariés moteur s’est constitué, exigeant qu’il n’y ait pas de signature avant septembre, que les salariés soient informés et consultés par référendum sur les nouveaux accords pour empêcher certains syndicats de signer n’importe quoi, ainsi que l’embauche des jeunes apprentis que refusait la direction.
Monte aussi la volonté d’interpeller le nouveau gouvernement qui prétend s’opposer à la désindustrialisation et aux suppressions d’emplois et ferme complaisamment les yeux sur le plan d’Air France qui supprime 5 000 emplois pour financer sa croissance et ses actionnaires.
Tout cela inquiète fortement la direction qui croyait avoir réglé son affaire et bien contrôlé les syndicats « représentatifs ».
D’où une première réaction : malgré le gel officiel de toutes les embauches dans Air France, la direction de l’Industriel a annoncé lundi 25 juin qu’elle allait embaucher 40 apprentis… si les syndicats signaient centralement les accords pourris !
À suivre donc !
Correspondants