Publié le Jeudi 3 mai 2018 à 11h31.

Air France : consultation Janaillac, c’est non !

La lutte sur les salaires à Air France dure depuis maintenant plus de deux mois. Il y a déjà eu 11 journées de grève à l’appel d’une intersyndicale large regroupant tous les syndicats de pilotes, les syndicats d’hôtesses et stewards et, au sol, SUD, la CGT et FO. 

Des pseudo-négociations ont été lancées par la direction qui a fini par faire une proposition inacceptable. Il s’agit d’un accord sur trois ans qui anticipe les NAO (négociations annuelles obligatoires) pour les années 2019-2021, et hypothèque ainsi l’avenir salarial des agents d’Air France. Cet accord ne permettrait en rien de rattraper le pouvoir d’achat perdu par les salariéEs au titre de l’inflation depuis 2012, ce qui reste la revendication de l’intersyndicale. Il ne permettrait même pas de compenser l’inflation à venir sur les prochaines années. Et cet accord est bien évidemment soumis à de nombreuses restrictions et notamment une entrave au droit de grève pour les organisations syndicales signataires.  

Référendum-chantage

Devant le refus des organisations syndicales de signer cet accord pourri, le patron d’Air France, Janaillac, lance une consultation interne, supposée lui donner la légitimité de passer en force en cas de vote « oui » des salariéEs. Et il met sa démission dans la balance. Quelle mégalomanie de la part de celui qui est président depuis moins de deux ans, qui n’a pour le moment laissé aucune trace marquante dans la compagnie à part la création de Joon, c’est-à-dire le départ de vols Air France vers une filiale moins-disante socialement… 

Cette consultation, qui n’a pour but que de chercher à diviser les personnels, est lancée à grand renfort de propagande patronale interne : nombreux mails « d’explication » de la proposition aux salariéEs, vidéo du PDG, diverses présentations par la direction dans les équipes, affichage partout dans la boîte… L’intersyndicale s’est prononcée pour le « non ». Mais même ainsi réunis les syndicats n’ont pas la même force de frappe que la communication interne d’Air France. 

Au-delà d’Air France

Il y a là un enjeu qui dépasse Air France : est-ce que ce genre de consultation, qui revient à contourner les syndicats, va se généraliser ? C’est là bien sûr le rêve du patronat et de Macron qui, depuis le début de son mandat, feint la « concertation » pour passer en force sur toutes ses réformes antisociales. Le pouvoir a d’ailleurs choisi son camp en appelant à voter « oui ». Car si le « non » l’emporte, cela posera plusieurs problèmes au gouvernement : une incertitude forte sur Air France, un conflit qui s’envenime et, surtout, une revendication salariale légitime qui risquerait de dépasser les frontières de la compagnie. 

Les résultats de la consultation seront connus vendredi 4 mai (avec tous les doutes liés à ce vote électronique sans contrôle). En cas de vote « oui », les mouvements continueront quand même, les 3 et 4 mai, puis 7 et 8 mai. Et un vote « non » fragiliserait autant le patronat que le gouvernement. 

Correspondants