Publié le Vendredi 12 octobre 2018 à 11h05.

Air France : le bras de fer continue

Le nouveau PDG d’Air France/KLM venu d’Air Canada, Benjamin Smith, a pris ses fonctions le 15 septembre, en avance sur la date prévue. Car la crise est profonde à Air France, qui a vu le précédent PDG essuyer une défaite cuisante lors du référendum de mai sur les salaires.

La pression des salariéEs et de l’intersyndicale, menaçant de reprendre le conflit, provoque des changements : démission surprise du directeur général d’Air France Franck Terner le 27 septembre, suivie de celle du DRH central qui avait conduit les négociations, Gilles Gâteau, ex-chef de cabinet de Manuel Valls – et grand copain de la CFDT Air France. Une démission forcée annoncée le 1er octobre, jour de la première rencontre entre Smith et l’intersyndicale en lutte (jamais reçue par la direction précédente).

Quelles augmentations ?

Samedi 6 octobre a eu lieu l’ouverture de « discussions salariales », réunissant tous les syndicats d’Air France et la direction. À l’issue de la journée, cette dernière a fait une proposition : + 2 % (rétroactif) au 1er janvier 2018, + 2 % au 1er janvier 2019, et un rendez-vous en octobre 2019 pour « parler du futur »…

À comparer avec l’accord salarial signé en février 2018 par la CGC et la CFDT, qui prévoyait 0,6 % au 1er avril 2018 et 0,4 % au 1er octobre 2018. Mais à comparer aussi avec l’inflation prévue de 2 % en 2018 et de 2 % en 2019… Si ces 2+2=4 sont pour 2018, un compromis est possible – avec de nouvelles hausses de salaire en 2019. Mais si rien n’est donné en 2019, on est loin du compte. Rappelons que la revendication qui a soudé l’intersyndicale est un rattrapage de 5,1 % des salaires, car de 2012 à 2017 il n’y a pas eu d’augmentation générale.

Le bras de fer continue donc, sur fond de menaces de reprise du conflit, qui mine la confiance des investisseurs et contrarie les futurs projets du nouveau PDG. S’il veut la paix sociale, il faut qu’il la paie ! Car derrière ce mécontentement des salariéEs, il y a le coût de la vie qui augmente sans cesse : les salaires d’embauche (1 350 euros pour un mécano débutant) ne permettent plus de vivre et se loger.

Un secteur mobilisé

Les conflits salariaux éclatent aussi dans les low cost, avec des grèves d’hôtesses et stewards chez EasyJet, et surtout des mouvements combinés à l’échelle européenne chez Ryan Air. Ryan Air dont la structure est basée sur des pilotes et stewards en partie auto--entrepreneurs, qu’on appelle ou qu’on jette à tout moment, sous droit du travail irlandais pour beaucoup… 

Le modèle low cost atteint ses limites, y compris pour la Commission européenne qui veut poursuivre Ryan Air pour son refus d’indemniser les passagerEs dont les vols ont été annulés à cause de la grève.

Des suppressions d’emplois sont annoncées parallèlement chez Hop !, la filiale court courrier domestique d’Air France. D’autres luttes sont donc à prévoir dans un secteur où les capitalistes peuvent gagner beaucoup d’argent, mais se heurtent à la résistance des travailleurEs, des pilotes aux assistantEs de piste.

Correspondant