Publié le Mercredi 13 janvier 2016 à 10h38.

Air France : Premier (petit) recul

Les élections à la mutuelle du personnel Air France viennent de se tenir. Indicateur déformé car c’est un vote par correspondance organisé pendant les fêtes, où les navigantEs participent traditionnellement beaucoup plus que les agents du sol. Mais c’était le premier vote depuis les événements du 5 octobre et la désormais fameuse chemise arrachée du DRH...

Cette élection est marquée par une très forte progression de la liste Solidaires (alliance Alter et Sud aérien représentant toutes les catégories de personnels) qui passe de 1 545 à 2 109 voix par rapport à 2011 et de 7 % à 11 %, dans un contexte de progression de la participation (39 %) et alors qu’il y a 7 000 salariés de moins (49 134). On constate aussi un recul des deux syndicats qui avaient soutenu la direction, CGC et CFDT, qui se sont alliés, et n’obtiennent à eux deux que 18,5 %. Cela marque donc le soutien des salariéEs à la démarche intersyndicale de mobilisation enclenchée depuis septembre.

C’est ce rapport de forces qui explique le changement de discours de la direction d’Air France qui par la voix du nouveau DRH M. Gâteau (qui vient du cabinet de Valls), annonce le retour à « un projet de croissance », pour un dialogue social apaisé. Il convoque un comité central d’entreprise extraordinaire le vendredi 15 janvier. Le constat de l’échec de la stratégie de division du personnel et de son discours de menaces de licenciements, avec une présentation catastrophiste de l’entreprise qui a été démentie par les derniers chiffres. Les résultats sont très bons, les avions sont pleins, le pétrole n’est pas cher, bref les profits rentrent !

Pour la direction, une nouvelle stratégie se met donc en place, abandonnant l’attaque frontale mais maintenant ses objectifs. La direction crée de nouvelles entreprises comme Transavia Munich, avec des pilotes recrutés en Grande-Bretagne avec des salaires beaucoup plus bas. Ou alors une coentreprise d’entretien d’avions sur Orly pour entretenir les avions de Transavia et d’Air Caraïbes. Mais les salariéEs ont compris qu’il s’agit du futur organisme d’entretien low cost, avec par exemple des nuits payées à 50 %, au lieu de 100 % chez Air France.

Le double discours sanctionné

L’intersyndicale va être confrontée à ce nouveau défi. Elle attend de voir les nouvelles propositions de la direction.

La CGT a perdu 1 500 voix et descend à 7,7 % (1 476 voix), signe d’une grave crise qui sanctionne son double discours. D’un côté, elle dénonce des violences et accuse la direction de ne pas avoir sanctionné les vrais coupables, et de l’autre, elle défend ses militants par des annonces de mobilisation totalement irréalistes, cela sans organiser aucune campagne de soutien dans l’entreprise. Du coup, elle a suspendu l’appel à la grève prévue pour le 2 janvier dernier. La CGT paie aussi les multiples scandales de corruption ces dernières années : dirigeant de la mutuelle pris en train de détourner de l’argent, membre actuel de la direction confédérale payé par Air France et bénéficiant par ailleurs d’une carrière exceptionnelle, secrétaires CGT de CE reclassés cadres et rejoignant la CGC…

Les déclarations de Martinez, attribuant les pertes CGT Air France à des intégristes musulmans imaginaires, est un signe de ce refus d’analyse... alors que c’est plutôt le désir d’intégrité qui a fait fuir de nombreux syndiquéEs. La CGT Air France a d’ailleurs démenti ces propos. Signalons enfin que FO a fait 7 %, tandis que l’UNSA a gagné 1,5 point avec 14,2 %.

Correspondants