Face à la direction d'Alcatel-Lucent qui multiplie les licenciements boursiers, les salariés s'organisent avec le soutien des organisations politiques.
Jeudi 23 juillet, la direction d'Alcatel-Lucent annonçait 850 suppressions de postes et 150 « externalisations » avec comme seule justification de faire baisser la masse salariale. Ainsi, Pierre Barnabé, PDG d'Alcatel-Lucent France déclarait-il en avril 2009 : « Il nous faut retrouver la confiance des marchés et montrer que nous sommes une entreprise profitable, capable de dégager des profits sur des marchés porteurs. » Comme chez Continental, Heuliez, Caterpillar, Molex… la même logique du profit maximum contre la vie des travailleurs est à l'œuvre. En trois ans, les effectifs du géant mondial de l'industrie des télécoms - 75 000 salariés dans 55 pays, dont 11 000 en France - ont baissé de 17 500 dans le monde, dont 2 000 en France. A Lannion (Côtes-D'Armor), les 200 suppressions d'emplois (sur 900 salariés) se conjuguent avec des plans de licenciements dans les filiales ou anciennes filiales… Alors, la liste s'allonge : 53 emplois supprimés chez le fabricant d'antennes RFS, 20 postes d'Alcanet transférés à HP-EDS (en cours de plan social), et un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de 51 salariés sur 144 chez Hammer & Simmons (ex Alcatel-Converter). Pour l'heure, les salariés de RFS ont annoncé la couleur : l'offensive et non la défensive. « Nous n'acceptons pas cette décision », explique très clairement le délégué CGT, Yves Nicolas. « Malgré les annonces, nous allons nous battre pour défendre les emplois à Lannion. Nous ne causerons pas de primes de départ ni de mesures d'âge… On n'en est pas encore aux bonbonnes de gaz, mais on pourrait innover ». Depuis le 1er mai, il ne s'est pas passé quinze jours sans grèves ou blocages avec la participation massive du personnel.
Au-delà de la dimension locale, avec les fragilisations en cascade et la stratégie identique de France Telecom cherchant à réduire l'emploi dans son centre de recherche de Lannion, il s'agit de la même politique de casse des emplois privés et publics que celle mise en œuvre partout en France. Aussi le comité NPA de Lannion s'est-il adressé aux partis et organisations de toute la gauche (institutionnelle et de combat) pour créer un front unitaire de défense en soutien aux salariés. La gravité de la situation a permis ce rassemblement : Fédération, NPA, PC, PG, PS, Union démocratique bretonne, Verts. Dans un communiqué, ce front désigne bien les adversaires : le Medef, le patronat, les directions d'entreprises et le gouvernement Sarkozy. Ce front unitaire s'engage à prendre toutes les initiatives nécessaires pour mobiliser la population et participer aux combats, en lien avec les syndicats, face aux suppressions d'emplois. Cette stratégie unitaire indispensable pour mettre enfin, un coup d'arrêt à la politique du capitalisme est indissociable de l'affirmation de tout programme anticapitaliste : interdiction de tous les licenciements et nationalisation sans indemnités des grands groupes industriels, pour une politique audacieuse de développement des services publics.
Eric Audrain - Comité NPA Lannion