La fonderie DMI de Vaux, près de Montluçon, va-t-elle devenir le symbole des luttes inabouties face à la vague actuelle des fermetures d’usines et des licenciements ? Un peu comme un autre sous-traitant automobile New Fabris, à Châtellerault, le fut il y a trois ans ? Son sort n’est pas différent de celles de dizaines d’autres, allant de 10 salariés à 300 au plus, qui sont menacées à travers le pays. Des centaines peut-être, les comptes ne sont jamais faits qu’après coup. En 2012, 266 exactement sites industriels ont été rayés de la carte.
DMI est sorti de l’anonymat, parce qu’exaspéréEs, les salariéEs ont menacé de faire sauter l’usine (voir Tout est à nous ! n°183). Du coup, ils ont eu droit à l’intérêt des médias nationaux, voire internationaux, ce que le fait d’être passés entre les mains de trois repreneurs et d’un effectif de 800 à un peu moins de 170 en dix ans, puis menacés de fermeture complète depuis 9 mois, ne leur avait pas permis.Cette menace, et leur mobilisation depuis des mois, leur a sans doute valu aussi de voir les juges leur accorder à une ou deux reprises un sursis, avant de décider la liquidation judiciaire. Mais jeudi 14 mars, la décision est tombée : le seul repreneur qui restait en lice était accepté même s’il prévoit de ne garder que 30 ouvriers… Plus de 130 des DMI restent donc sur le carreau.Les DMI n’ont pas encore fini de faire parler d’eux. Ils maintiennent leur revendication d’une prime extra-légale de 50 000 euros pour les licenciéEs. Mais leur combat est encore plus difficile… en tout cas s’ils continuent à le mener seuls. Ils partagent pourtant un objectif avec des centaines de milliers d’autres travailleurs : garder un emploi. Rien que dans l’Allier, un de ces départements sinistrés industriellement (mais aujourd’hui quel département peut prétendre qu’il ne l’est pas), deux autres usines de la même taille sont sous la même menace immédiate.Grève à la serrurerie JPM, près de MoulinsLe jour même où DMI passait devant le tribunal, à Arvermes, près de Moulins, à quelques dizaines de kilomètres de DMI seulement, JPM une serrurerie industrielle de 160 salariéEs était en grève depuis 10 jours contre les licenciements décidés par le groupe Assa Abloy à qui JPM appartient, et contre une délocalisation proposée… à Troyes, à 400 kilomètres. À JPM, ce n’est même pas le manque de boulot, au contraire, qui sert de prétexte pour restructurer. La volonté d’augmenter les profits suffit. On comprend l’exigence de 80 000 euros de prime extra-légale pour ceux qui devraient quitter la boîte.Meeting des Candia à Saint-YorreToujours dans l’Allier, et toujours ce même 14 mars, la centaine d’ouvrierEs de la laiterie industrielle de Candia Saint-Yorre, menacée de fermeture avec deux autres sites français de la même entreprise (une soi-disant coopérative, voir Tout est à nous ! n°181), organisait un nouveau meeting de protestation. Depuis des mois ils ont multiplié rassemblements et grèves.Le même jour, trois boîtes en lutte, à quelques dizaines de kilomètres de distance… Des boîtes certes dites « moyennes », mais qui se renforceraient l’une l’autre si elles se retrouvaient ensemble, pourraient même sans doute faire boule de neige. Et si les boîtes phares comme PSA, Goodyear ou d’autres voulaient bien mettre leur poids dans la balance…Flore Esse