À quelques jours d’élections européennes qui s’annoncent calamiteuses pour le parti au pouvoir, le gouvernement tente de reconquérir quelques pour-cents d’électeurEs avec des annonces qui ont pour fonction de faire croire que Hollande et Valls dirigent un gouvernement de gauche.
Accords et désaccords... Au menu des urgences, le report de la rentrée scolaire, la baisse des impôts des ménages les plus en difficulté, la reconnaissance de droits pour les beaux-parents. Mais surtout la vraie « gauche-attitude » consiste à mettre un courageux ministre du Redressement productif sur la route des prédateurs étrangers qui envisagent de dépouiller Alstom, un des « fleurons de l’industrie française » comme ils disent...
Tour à tour, Valls et Hollande interviennent pour que l’État français soit partie prenante des négociations engagées suite à la volonté de cession par Bouygues de 30 % du capital d’Alstom. Mais sur ce sujet comme sur d’autres, il n’est pas si facile pour le gouvernement d’avoir une politique commune à tous ses membres. Certains soutiennent ouvertement les propositions de General Electric, d’autre celle de Siemens, mais le tout sans réels objectifs, sans réels moyens. Une cacophonie telle que François Hollande a réuni, lundi 19 mai, le Premier ministre Manuel Valls, le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, et la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, pour « redonner le cadrage d’ensemble du dossier et ses priorités (…) dans l’intérêt de l’emploi, de la localisation d’activités et de l’indépendance énergétique. »
Les velléitaires gouvernent
Au nom du « patriotisme économique » le gouvernement a décidé, à l’initiative d’Arnaud Montebourg, d’élargir à cinq nouveaux secteurs le décret pris par De Villepin en décembre 2005, décret qui soumet un certain nombre d’investissements étrangers en France à l’autorisation du gouvernement. Jusqu’ici applicable à onze activités liées à la défense et à la sécurité, il s’appliquera désormais aussi à « l’approvisionnement en électricité, gaz, hydrocarbures ou autre source énergétique », à « l’exploitation des réseaux et des services de transport », à « l’approvisionnement en eau », aux « communications électroniques » et à la « protection de la santé publique ».
Outre qu’il n’est pas sûr que de telles dispositions ne soient pas contraires aux règles acceptées par les gouvernements dans le cadre de l’Europe, le ministre des Finances, Michel Sapin, s’est empressé d’ajouter qu’il s’agit de « dialogue avec les grandes entreprises internationales », et non pas d’interdiction.
Le résultat de ces interventions gouvernementales est pour l’instant peu évident. Siemens, General Electric peaufinent leurs propositions pendant qu’EdF un jour, Toshiba un autre, font mine d’entrer dans les négociations.
Pour sauver les emplois : expropriation !
Ce gouvernement (après d’autres) fait valoir que certains domaines relèvent d’un intérêt général... qui le plus souvent s’avère celui des capitalistes, bien loin des nécessités imposées par la satisfaction des besoins de la grande majorité de la population. PSA, Arcelor, Sanofi et aujourd’hui Alstom, autant de grands groupes dans la gestion desquels les gouvernements se sont privés de tout moyen d’intervention, que ce soit pour sauver les dizaines de milliers d’emplois sacrifiés au nom de la compétitivité ou (ré)orienter leurs productions vers des activités correspondants non aux meilleurs profits mais aux besoins sociaux, sous contrôle de la population et des producteurs.
L’interdiction des licenciements et l’expropriation sont les seules propositions à opposer aux actionnaires et autres managers de ces groupes qui imposent leurs lois, leurs règles économiques avec le soutien des gouvernements à leurs bottes.
Mais pour cela il faudrait une politique faite d’autre chose que de blablas et d’enfumages à des fins électoralistes.
Robert Pelletier