« Nous n’avons pas d’autre choix que de durcir le mouvement » expliquent les délégués CGT de l’usine de la SAM dans le bassin de Decazeville. Le blocage de la production pour une durée indéterminée a en effet été décidé le mercredi 14 avril pour être effectif le lendemain.
Alors que le blocage de l’usine devait être effectif le jeudi à 5h du matin, des salariéEs ont, dès la fin de la journée du mercredi, spontanément décidé d’un blocage du parking de la direction et ont demandé au directeur du site et à la responsable RH de quitter l’usine, ce à quoi ils ont obtempéré. Afin de bloquer l’accès à l’usine, les salariéEs ont renversé, près des bureaux administratifs du site, plusieurs containers remplis de pièces produites par Renault, mais non livrées depuis le 8 avril.
Toute une usine en grève
Des piquets de grève sont en place. S’ils ont bien sûr pour fonction de s’assurer qu’aucune pièce n’arrive et ne sort de l’usine, ils ne sont pas nécessaires pour convaincre les salariéEs car ce mouvement est vraiment celui de toute une usine. Autre activité utile des piquets de grève : recevoir et discuter des témoignages de soutien portés sur place par salariéEs et population de tout le bassin industriel.
La colère a des motifs très concrets de monter. Depuis des mois les salariéEs de la SAM sont baladés par trois interlocuteurs, chacun d’entre eux se défaussant sur les autres : Renault devenu le seul donneur d’ordre de la SAM, le gouvernement actionnaire de référence de Renault, et un seul repreneur encore à lice jusqu’à ces derniers jours.
Faute de voir son ultimatum accepté, un repreneur qui se défausse
Une table ronde avait eu leu à Rodez le 11 mars, où étaient présents les délégués du personnel, le gouvernement et Renault, mais pas le potentiel repreneur espagnol. Au cours de cette réunion Renault aurait accepté d’augmenter le volume de ses commandes à la SAM pour les passer d’un montant de 30 millions à 40 millions d’euros, ce qui aurait permis d’augmenter le nombre d’emplois d’une cinquantaine.
Le groupe espagnol CIE, absent de la table ronde n’a rien voulu changer à son projet initial de reprise de seulement 150 salariéEs sur 365. C’est un vrai plan de liquidation comme cela a été démontré dans une visio de la CGT de la SAM vue par 22 000 personnes.
Faute d’acceptation de son ultimatum, le groupe espagnol a retiré sa proposition de rachat. Et Renault fixe maintenant des conditions vis-à-vis d’un nouveau repreneur, et exige que ce soit un grand groupe industriel. Quant au gouvernement, il a laissé la députée LREM accepter, seule parmi tout le personnel politique régional, le plan de liquidation proposé par CIE Automtiv.
Un soutien qui dépasse difficilement les frontières d’un bassin industriel
Fermetures, ventes et faillites d’usines se multiplient dans toutes les activités de fonderie pour l’industrie automobile. Les résistances y sont d’intensité inégale. La SAM où la production est bloquée depuis plusieurs jours est l’une des usines où, à l’initiative de la CGT, seul syndicat actif dans l’usine, la riposte y est la plus vigoureuse. Avec un collectif « Tous ensemble » le soutien est massif dans tout le bassin industriel environnant.
Les deux manifestations organisées ces dernières semaines dans la préfecture du département, à 50 km de là, n’ont réuni que très majoritairement les salariéEs de la SAM, même ceux de Bosch pourtant tout aussi attaqués étant beaucoup moins nombreux.
Ceux et celles de la SAM sont engagés dans une résistance opiniâtre. Le soutien le plus utile à leur apporter, c’est l’engagement de luttes similaires dans les usines visées par les mêmes attaques. Voilà la tâche des organisations syndicales, du terrain aux sommets des fédérations de la métallurgie et des confédérations : c’est ainsi que peut se construire un véritable tous ensemble pour gagner.