Publié le Vendredi 28 janvier 2011 à 18h11.

Bostik : en lutte contre la fermeture

La direction de Bostik a annoncé, quelques jours avant Noël, la fermeture de l’usine d’Ibos dans les Hautes-Pyrénées, pour fin 2011. Deux militants de l’intersyndicale, Philippe (trésorier du CE, syndiqué CGT) et Bragan (militant CFDT), ont répondu à nos questions.Quelle est la situation ?Dans le cadre d’une « restructuration de rentabilité », Total ferme une de ses filiales, l’usine Bostik d’Ibos.Elle fabrique de la colle industrielle dans le cadre de la branche chimie de Total, qui « optimise » certains sites pour en fermer d’autres. La machine financière ignore complètement le facteur humain et le désarroi des salariés. Bostik doit verser plus d’argent l’année prochaine en réduisant les frais fixes.Il n’y a pas eu d’investissement sérieux depuis huit ans. Total a fait 14 milliards d’euros de bénéfices en 2009 et se propose d’économiser, en fermant l’usine Bostik d’Ibos, 2 millions d’euros de frais fixes par an, ce qui est dérisoire.Victimes de choix stratégiques dictés par la course au profit, mis au pied du mur, les salariés ont quelques semaines pour prendre une décision sur leur avenir. Face à des indemnités dérisoires, ils ont le choix entre la « mobilité interne », c‘est-à-dire partir en Seine-et-Marne ou dans le Nord, dans des filiales de Total qui sont déjà en difficulté comme par exemple la Sogebi, dont le groupe veut se débarrasser à terme, ou avec 80 % du salaire en dehors de la société mais dans le groupe Total. On se rappelle que Bostik a déjà dû fermer une de ses entreprises à Aulnay en 2003, conduisant à des reclassements à… Ibos.Par ailleurs, le patron de Total, De Margerie, a récemment bénéficié de 5 % d’augmentation, soit 200 000 euros de plus pour un salaire de 3 millions d’euros par an…Quel est le climat au sein de l’entreprise ?Malgré des signes avant-coureurs que ressentaient les salariés mais que la direction refusait d’admettre, cette fermeture a été annoncée brutalement et présentée par la direction comme une fatalité.On s’est engagé dans des négociations pour essayer de « sauver les meubles », pour partir dans les meilleures conditions. Ces conditions, proposées par la direction, négligent complètement le facteur humain, le contexte familial de chaque salarié, le déracinement géographique imposé pour beaucoup et soulignent l’arrogance avec laquelle le capital impose ses décisions. La direction tente de doubler les négociations en créant une cellule de reclassement pour essayer de diviser le personnel. Malgré tout, le climat entre nous les salariés, titulaires, intérimaires et même encadrement, n’a jamais été aussi bon. Nous n’avons jamais été aussi soudés et déterminés.Quelle action menez-vous ?On a fait un jour de grève en septembre et on vient d’en faire une autre, le 7 janvier, très bien suivi, y compris par les cadres puisque 100 % du personnel y a participé. Ce qui est sûr, c’est qu’on va monter en puissance au niveau de l’action et des luttes à venir. On ne lâchera rien.Propos recueillis par Christian, Frédéric et Henri