Publié le Dimanche 10 février 2013 à 17h48.

Campagne emploi : la boule de neige

Face aux annonces de fermetures d’entreprises, de suppressions de postes, de chantage à l’emploi, les réactions locales n’ont pas manqué. Rien que pour ce mois de janvier, on peut décompter, en examinant la presse régionale, des dizaines d’entreprises où les salariéEs ont fait grève et continuent de le faire. Ceux de Virgin, Sanofi, PSA ont eu une audience nationale, heureusement. Mais combien de luttes invisibles ?Sait-on que les salariéEs des papiers spéciaux Lana (Strasbourg) font toujours des rondes autour de l’usine pour empêcher l’enlèvement des machines ? Que ceux des plaques de verre Euroglas (Hombourg dans le Bas-Rhin) étaient en grève les 22 et 23 janvier ? Que les 110 salariés du lait Candia de Saint-Yorre (Allier) ont décrété le blocage de l’usine le 17 janvier, ont dû le lever le 24, mais appellent au boycott des produits Candia pour protester contre la fermeture du site, comme ceux du Lude, dans la Sarthe ? Que la fonderie SBFM (Caudan dans le Morbihan), filiale de Renault, était en grève le 22 janvier à l’occasion de l’annonce des suppressions de postes chez Renault ? Que les salariés des transports Keolis (Woippy en Moselle) sont en débrayages quotidiens depuis le 23 ? Que ceux du carrossier Durisotti (Sallaumines dans le Pas-de-Calais), fournisseur de PSA et Renault, étaient en grève depuis le 17 janvier – et l’étaient encore le 21 – contre 121 suppressions d’emplois ? Que sous le coup d’un PSE l’usine de surgelés Allis (Falaise dans le Calvados) a été bloquée le 15 janvier, et remise en grève le 21 ? La liste serait longue.De l'utopie au possibleMais quand des militantEs, ici ou là, proposent la convergence des luttes à leurs camarades de travail, dans leur structure syndicale ou dans des AG, ils reçoivent souvent un acquiescement poli, mais incrédule. « D’accord, mais comment faire ? ». Encore un slogan de gauchistes disent bien des responsables syndicaux. Bref, de l’utopie.Sauf que, sauf que… le 23 janvier, à Renault-Flins, 250 grévistes de PSA Aulnay sont venus fraterniser avec les salariés de Renault (cf. Tout est à nous ! n°180). Les grilles cadenassées sont tombées. Les ouvriers de Peugeot sont tombés dans les bras de leurs camarades de Renault, beaucoup avait les larmes aux yeux. Et pour une fois des millions d’autres salariéEs ont été témoins de cette convergence en action, en regardant les reportages dans les journaux télévisés.Des ouvriers de PSA, de retour dans leurs cars, disaient : « voilà, c’est la boule de neige… On va faire boule de neige… ». Les ouvriers de Renault Cléon ont observé de près la rencontre, et la semaine suivante ont accueilli à leur tour ceux de PSA. Sans oublier la journée de convergence des manifestations à Paris le 29 janvier.Ce que les confédérations ne confédèrent pas ni même ne fédèrent, la base songe à le faire elle-même. Oui, la convergence des luttes, dès qu’elle commence à se concrétiser, est sacrément convaincante. Soyons donc réalistes : ne demandons pas, mais faisons ce que certains disaient impossible.Flore Esse