Malgré les cadeaux faits aux entreprises, les licenciements continuent et se multiplient, notamment dans l’automobile.UnE FrançaisE sur deux affirme que le chômage est sa première préoccupation à quelques semaines de l’ouverture officielle de la campagne présidentielle. Sarkozy avait fait sa campagne de 2007 en s’engageant à ramener le chômage à 5 % et le plein emploi dans les cinq ans. Il termine le quinquennat par une nouvelle mise en accusation des chômeurEs au travers d’un référendum visant à leur imposer un emploi dans n’importe quelles conditions. Avec 3 millions de chômeurEs « officielLEs », c’est-à-dire le double de salariéEs sans emploi stable, cela fait 10 % de travailleurEs qui galèrent entre pauvreté et misère.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir généreusement « sauvé » les banques (360 milliards d’euros) qui s’apprêtent à supprimer plus de 100 000 emplois dont plusieurs milliers en France.
Mais, le plus visible reste le secteur de l’automobile où 7 milliards d’euros ont été alloués aux grands constructeurs et 300 millions pour les sous-traitants et équipementiers. Dans le même temps, une prime à la casse de 1 000 euros a été mise en œuvre au coût initialement estimé à 200 millions d’euros et qui aurait coûté environ le triple. Malgré ces bienfaits issus de la poche des contribuables, les attaques contre l’emploi se multiplient. PSA met systématiquement en œuvre son plan de suppression d’emplois révélé par la CGT l’été dernier. La liquidation de 5 000 postes de travail est en cours avec notamment l’expulsion des intérimaires, CDD et prestataires. Par ailleurs, l’installation d’un nouveau site de production Renault au Maroc alimente discussions et polémiques. Cette usine devrait fabriquer entre 150 000 et 170 000 véhicules low-cost par an et jusqu’à 400 000 véhicules lorsque la deuxième ligne de production sera lancée, en 2013.
Ce qui est présenté comme une nouvelle délocalisation ne fait que s’inscrire dans une longue suite de suppressions d’emplois dans la filière : entre 2004 et 2009, les effectifs de Renault dans le monde ont diminué de plus de 8 900 salariéEs dont plus de 4 400 en France. Dans la même période, PSA a supprimé près de 1 900 emplois en France, sachant que la suppression d’un emploi chez les constructeurs emporte deux emplois chez les équipementiers et cinq dans la sous-traitance. Malgré la crise, des profits recordsPour justifier ces suppressions, les dirigeants des groupes pointent la crise du doigt. Or, cet été, PSA a annoncé pour le premier semestre 2011 un chiffre d’affaires en progression à 31 milliards d’euros (+9,7 %) dont une hausse de 6,7 % à 22,5 milliards pour le secteur automobile et les constructeurs ont renoué avec les profits. Le bénéfice net de PSA s’est élevé à 1,1 milliard d’euros en 2010. Les rémunérations allouées aux dirigeants de PSA sont passées de 6,5 millions d’euros en 2009 à 11,7 millions en 2010. Renault et PSA ont connu une année historique avec respectivement 2,6 et 3,6 millions de ventes. Dans le même temps, Renault affichait un résultat net de 3,49 milliards d’euros, une trésorerie disponible de 8 milliards.
À l’image de ce qui s’est passé aux États-Unis, la restructuration de la filière est partout à l’œuvre. La crise n’est qu’un prétexte supplémentaire pour s’attaquer à tout ce qui fait le droit des salariéEs, comme en Italie où Fiat s’extirpe de la convention collective et du droit du travail. Ainsi les délocalisations sont un outil supplémentaire de division des travailleurEs. Pourtant, certainEs ont déjà goûté à la recette Sarkozy, « emploi compétitivité ». Ainsi en 2008, les 1 100 salariéEs de Peugeot Motocycles ont accepté de faire des sacrifices pour sauver leurs emplois : ils ont abandonné la moitié de leurs RTT, accepté la suppression sans compensation des pauses pendant leur temps de travail et les effectifs ont été réduits d’un quart. À celles et ceux qui restaient, on avait même promis un nouveau modèle de scooter. Résultat : en 2012 les salariéEs des sites concernés devraient se retrouver à 530, la fermeture de Dannemarie a été annoncée et d’autres suppressions de postes sont à prévoir.
Les travailleurEs de Citroën, Pétroplus, Lejaby, M-real, Fralib, Schindler et bien d’autres luttent, depuis parfois des mois, contre les fermetures de sites et les licenciements. Samedi 18 février, les « PSA » d’Aulnay organisent une manifestation associant les salariéEs de la branche et la population de la ville et du département. Une nouvelle occasion de réaffirmer nos revendications de l’interdiction des licenciements et de réduction massive du temps de travail. Et l’occasion de se rencontrer et de se concerter pour amplifier la mobilisation.
Robert Pelletier