Depuis lundi dernier, les cheminotEs de la maintenance du Technicentre Atlantique sont en grève contre, à l’origine, une attaque sur les repos, et tiennent tête à la direction.
C’est au cours d'une HIS (heure d’info syndicale), alors que les agentEs du service de nuit échangent sur la volonté de la direction de dénoncer un accord local remettant en cause leur temps de travail, qu'un petit chef se pointe pour demander de retourner au travail. C'est la provocation de trop. Les agentEs décident unanimement de cesser le travail, au diable les D2I, c'est-à-dire les délais de prévenance de 48h pour faire grève (la direction ne prévient pas pour ses sales coups !). Puis celles et ceux du service du matin, et celles et ceux du soir débrayent à leur tour : c’est l’arrêt total et collectif de la production. Cette réunion des salariéEs répondait à l'annonce par la direction de son intention de dénoncer un accord qui prévoyait 12 repos compensateurs.
Suite à une première réunion avec les syndicats, la direction, refusant de céder sur la suppression des repos, proposait une compensation financière de 7 000 euros, versés en quatre fois. Mais pour les agents, pas question de se faire acheter de cette manière : les repos, ça n'a pas de prix ! Et même si elle lâchait 10 000 euros, la direction les rentabiliserait en un an à peine avec ce qu’elle gagne sur les nouveaux roulements (ou horaires) qu'elle propose…
Un projet qui ne passe pas
Au Technicentre Atlantique, les agents assurent la maintenance du matériel roulant à destination de la façade Atlantique, et permettent aux voyageurs des TGV Atlantique d'être transportés dans les meilleures conditions possible, en toute sécurité. Ils et elles travaillent en 3/8, avec des salaires proches du SMIC, et en sous-effectif permanent. D’où beaucoup de démissions, conséquences des cadences élevées et d'une organisation du travail en flux tendu.
En « posant la caisse » massivement, avec le soutien de collègues d’autres technicentres de la région, qui refusent de faire le boulot des grévistes, les 200 agentEs ont provoqué une journée quasiment sans TGV à l'Ouest le lundi 28 octobre. Face à l'ampleur de la désorganisation, les agentEs ont obtenu un premier recul de la direction, au bout de 48h, mais partiel seulement : l'abandon du projet de suppression des repos, donc le maintien des conditions actuelles, et leur élargissement aux autres agentEs qui n'en bénéficiaient pas jusqu'à présent. Mais des revendications, avancées dès le début par les grévistes, ne sont toujours pas satisfaites, notamment sur l'organisation du travail des jockeys (remiseurs – dégareurs) ou encore sur le paiement des jours de grève. Car ils et elles ont bien raison, ce n'est pas à la direction qu'on supprime des jours de repos, et de l'argent, elle en a ! C'est pourquoi, au moment où nous écrivons, la mobilisation se poursuit.
Cette attaque sur les conditions de travail, qui est une déclinaison au niveau local de ce que comprennent les dernières réformes ferroviaires, n'est qu'une attaque parmi d'autres. Elle est comparable à toutes celles que subissent d'autres salariés du secteur privé comme du public depuis des années.
Ce mouvement de la maintenance à Châtillon, après la réaction légitime des cheminotEs la semaine précédente contre le manque de sécurité dans les trains, s’inscrit dans un climat qui monte de quelques crans dans le pays, avec la perspective qui se précise de mobilisation du 5 décembre contre la réforme des retraites. Toutes et tous ensemble cette fois, et en grève car c’est notre meilleure arme pour gagner !
Stella Monnot