Publié le Mardi 16 décembre 2025 à 20h02.

Grève et manifestation en normandie contre « l’ouverture à la concurrence » du rail

La Région Normandie se lance dans « l’ouverture à la concurrence » dans le rail pour l’exploitation des lignes autour de Caen. RATP Dev, une filiale de la RATP, a été choisie pour les lignes Caen-Cherbourg, Caen-Rouen, Caen-Évreux… Mais l’opposition des cheminotES est grande : c’est par une grève massive lundi 15 décembre qu’iels ont manifesté leur colère.

Après la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Normandie se lance à son tour dans le démantèlement de la SNCF pour les trajets de proximité. La colère des cheminotEs est d’autant plus grande que la Région avance des chiffres de satisfaction des usagers au sommet et en hausse ces dernières années. 

Une aberration une insulte, et une arnaque

Confier l’exploitation des lignes à une entreprise qui n’y connaît rien mais promet de faire mieux apparaît à la fois comme une aberration et une insulte. C’est aussi une véritable arnaque ! Les coûts vont augmenter pour la collectivité et les usagers paieront la note. La gestion sera un casse-tête, tant pour les correspondances, assurées par des opérateurs différents, que pour l’entretien des matériels. L’atelier de maintenance à Caen sera séparé en deux et des questions sur la pérennité d’une sécurité de haut niveau pour les voyageurs sont posées. Les craintes portent aussi sur la dégradation des conditions de travail des cheminotES transféréEs au nouvel opérateur. Voilà qui explique un taux de grève de… 100 % dans cette catégorie des premiers concernéEs ! De plus, les expériences désastreuses, comme en Grande-Bretagne, ont été scrutées par les cheminotEs. Verdict : rejet total de ce démembrement de la SNCF. Le NPA-l’Anticapitaliste leur apporte tout son soutien.

Rejet des cheminots… et des usagerEs

L’appel à la grève a été lancé par quatre syndicats unis dans cette bataille : la CFDT, la CGT, l’UNSA et SUD Rail. Il a été massivement suivi. Des associations d’usagers ont rejoint le rassemblement devant la Région ce 15 décembre. Elles réclament depuis longtemps la réouverture de gares, de guichets, voire de lignes supprimées ces dernières années, comme la ligne Caen-Flers : un combat emblématique qui réunit organisations syndicales et associations de défense de l’environnement. En Seine-Maritime, développer le rail autour de la métropole de Rouen s’oppose à la construction d’une nouvelle autoroute, l’A133-A134, projet aussi inutile que coûteux et nuisible.

Les comités Transports gratuits de Caen et de Rouen se sont engagés eux aussi contre l’ouverture à la concurrence. Ils demandent la mise en œuvre du « versement mobilité régional », prélevé sur les employeurs de plus de onze salariés (0,15 % de la masse salariale), autorisé par la loi mais pas activé en Normandie, la Région se privant ainsi volontairement de plusieurs dizaines de millions d’euros qui seraient utiles pour développer le rail. Quant à la gratuité des réseaux métropolitains, elle serait une forte incitation pour laisser la voiture au garage pour les milliers de personnes qui rejoignent un lieu de travail dans les centres urbains : une mesure indispensable dans la lutte contre la pollution par les émissions de CO₂ ou de particules fines, qui causent la mort prématurée de 40 000 personnes en France chaque année.

Les travailleurEs du rail sont d’autant plus sensibles aux enjeux écologiques et sanitaires qu’iels savent qu’iels possèdent une partie de la solution. Plus de trains ? Iels sont pour, et iels demandent à l’État et aux collectivités de financer les réseaux au lieu de les mettre entre les mains d’opérateurs qui n’auront pas d’autre souci que leurs profits. Le combat va continuer, organisations syndicales, associations d’usagers et collectifs écologiques ensemble !

CorrespondantEs