Publié le Dimanche 4 mars 2012 à 12h35.

Comment la SPF (groupe Atalian) se débarrasse de ses salariés, un exemple dans le Rhône.

 Atalian (ex-TFN) est le groupe qui monte dans les services aux entreprises, à force d’acheter une par une les boîtes de maintenance, sécurité, nettoyage, etc. Devenu leader européen dans le multiservice avec un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros, son président F. Julien a été médaillé par l’Assemblée nationale pour sa « stratégie d’entreprise » en 2009. Mais qu’en est-il pour les salariés ? Le sort de ceux de la Société nationale de protection incendie (SNPSI), vendue à la branche SPF (sécurité protection feu) d’Atalian.SI en 2009, en donne une idée…

À l’agence de Meyzieu dans le Rhône, spécialisée dans la vente et la maintenance des extincteurs, une convention collective désavantageuse a d’abord été imposée aux VRP. En toute illégalité puisque ce changement ne peut se faire qu’après un délai de quinze mois. Puis un nouveau contrat de travail vise à les faire passer sur le statut de technico-commerciaux, ce qui permet de leur sucrer l’indemnité liée à leur clientèle, en cas de licenciement.

Ceux qui acceptent se voient alors proposer une « évolution », qui les oblige pour certains à déménager dans un autre département, mais c’est pour se retrouver quelques mois plus tard avec des objectifs irréalisables, et donc licenciés ! Les autres se voient infliger des retenues de milliers d’euros sur leur salaire.

Dans un courrier de juillet 2010, l’inspection du travail constate « de grandes pressions conduisant indubitablement à une grande souffrance au travail », des « menaces de licenciement », le fait de « convoquer régulièrement le même salarié pour des entretiens préalables en vue de licenciement, [qui] pouvait être constitutif de harcèlement moral à l’égard de celui-ci et de toutes façons provoquer chez ce salarié un stress important ». Certains employés sont tellement désespérés par ce traitement qu’ils demandent aux prud’hommes la résolution judiciaire de leur contrat ! Ainsi, un par un depuis 2010, huit salariés sur les treize de Meyzieu ont été licenciés, dont six pour faute grave, donc sans indemnités ! Non seulement ces personnes ont perdu leur emploi, et pour certaines, pour longtemps car elles étaient soumises à des clauses de non-concurrence de deux ans, mais elles sont cassées par cette maltraitance, effondrées et en pleine déprime... Pour elles, il ne restait que le recours judiciaire : la plupart ont agi en justice, gagné en référé, mais n’ont (toujours) pas reçu de chèque (l’entreprise fait traîner, a changé de nom, de siège social…) ; les salariés ont dû faire intervenir un huissier et engager une nouvelle procédure devant le tribunal de commerce qui a condamné la société…

L’un des cadres concernés dénonce la stratégie à l’œuvre : « ils licencient gratuitement et réembauchent à moindre coût ». Cette manœuvre, courante dans les restructurations des secteurs où les salariés ne sont pas organisés, est à dénoncer, à combattre et à interdire !