Publié le Samedi 11 avril 2009 à 12h18.

FNAC : la Bastille se soulève

Les salariés de la Fnac se battent contre les suppressions d'emplois, en particulier à la Bastille où 60 salariés sont menacés. 

Tout comme Virgin Megastore, la Fnac est en pleine crise. Le 4 mars, l'enseigne a annoncé, dans le cadre d'un plan national, la suppression de 168 postes dans ses magasins parisiens et la fermeture de celui de la place Bastille, spécialisé dans la musique et employant 60 salariés. Les partisans d'Hadopi (lire page 10) vous expliqueront que c'est encore la faute de méchants « pirates » qui « volent » la musique et qui tuent ainsi l'industrie du disque. En fait, cette fermeture, programmée depuis un moment, a lieu au moment où de larges dividendes sont versés aux actionnaires du groupe auquel appartient la Fnac, PPR (Pinault-Printemps-Redoute). Le plan d'économie de 35 millions d'euros touche 400 postes en France, soit 3,4 % des effectifs. Pour les salariés de la Fnac, c'est le résultat d'une politique d'abandon du disque, alors que 80 % des clients achètent des produits culturels (disques, DVD, livres, etc.).

Les salariés des Fnac se sont mobilisés avec pétitions, grèveet propositions diverses, mais rien n'y fait, la direction, reste inflexible. Pour elle, la Fnac Bastille doit fermer, car, étant le magasin le plus petit, « sa surface de vente est insuffisante pour accueillir l'offre complète de la Fnac ». La fermeture du seul grand disquaire de l'Est parisien est ressentie par les clients et les salariés comme une profonde injustice. Ce sentiment d'injustice a animé la cinquantaine de salariés de la Fnac et de Conforama (appartenant aussi au groupe PPR) qui, le 31 mars, ont bloqué le PDG de PPR, François-Henri Pinault, dans son taxi. Pendant près d'une heure, ils ont barré la rue avec des poubelles, immobilisant le véhicule du PDG et portant des banderoles « Actionnaires PPR : 420 millions d'euros, salariés Fnac : 400 postes supprimés. Non à la  fermeture de la Fnac Bastille ». Le PDG sortait d'une réunion du comité européen où il s'était dit « attentif » aux propositions. Mais, comme toujours, les salariés n'ont pas été entendus. Pendant que le commissaire de police faisait semblant de discuter avec les salariés, les forces de police en profitaient pour foncer sur eux et sortir le PDG d'une situation bien embarrassante. La police se montre comme toujours particulièrement efficace pour se mettre au service des patrons. 

Quoi qu'il en soit, les salariés maintiennent la pression. Les opérations de salariés en colère contre leurs patrons se multiplient ces dernières semaines. Les quatre dirigeants du groupe Caterpillar, le patron de Sony France ont en déjà fait les frais. Associons-nous aux salariés pour nous opposer fermement à ces licenciements qui n'ont d'autre but que de garantir les bonnes rémunérations des actionnaires.