Publié le Samedi 24 septembre 2011 à 14h43.

Fonderie du Poitou : non au chantage

Les salariés de la fonderie, située à Ingrandes-sur-Vienne (Vienne), qui emploie 480 personnes et fabrique notamment des culasses pour moteur thermique, sont en grève illimitée depuis le 2 septembre pour dénoncer un « plan de compétitivité ».

Du coup, il y avait une chaude ambiance ce jeudi 15 septembre devant l’immeuble anonyme, siège du groupe Montupet sur les quais de Seine à Clichy (92). Les salariés de la Fonderie du Poitou sont venu crier leur colère face au chantage exercé par la direction du groupe : 15 % de baisse des salaires et passage de 38 h 30 à 35 heures avec... diminution proportionnelle de salaire. Soit, au total, une perte de revenu de près de 25 % pour les ouvriers pendant que les cadres devraient renoncer à quatorze jours de RTT, un gel de salaires de trois ans voire le départ sur d’autres sites pour 50 d’entre eux. Issue d’une délocalisation des fonderies de Boulogne-Billancourt en 1981, cette usine, comme bien d’autres fonderies a été éjectée du groupe Renault en 1999 et vendu au groupe Teksid. L’usine, performante, n’a d’abord aucune difficulté à se diversifier et trouver d’autres clients. Mais la crise venue, Renault, client à 80 % de la Fonderie du Poitou augmente la pression sur les prix et pousse la direction de l’entreprise à augmenter sa rentabilité. Après la fermeture de New Fabris, les attaques contre la SBFM, les fonderies sont prises dans la tourmente de la rationalisation qui touche toute la branche automobile.

La stratégie patronale est toujours la même : guerre d’usure où les employeurs s’attaquent aux salaires, augmentent les cadences tout en distillant sous forme de chantage la menace d’une baisse d’activité, voire d’une fermeture de site si les salariés refusent ces reculs.

À la Fonderie du Poitou, comme à Sadefa (Fumel, Lot-et-Garonne) ou à la SBFM (Lorient), ces directions se heurtent à des équipes syndicales combatives et expérimentées et à des salariés sûrs, à la fois de leur savoir-faire professionnel et de leur capacité de riposte.

C’est ainsi que depuis des semaines, les salariés sont présents dans toutes les manifestations locales et régionales et se sont adressés à tous les élus, représentants politiques et personnalités d’une région dont Ségolène Royal est la présidente. Guy Eyerman, animateur de la lutte contre la fermeture de New Fabris dans la même région et présent avec nous devant le siège Montupet, peut témoigner que cela ne suffit pas à sauver les emplois.

Après s’être entendu dire par leur direction qu’il n’y avait rien à discuter, les fondeurs se sont rendus à Boulogne au siège de Renault pour rappeler à ce principal client sa responsabilité dans la situation de leur site. Là encore, la direction a fait la sourde oreille. Il ne reste plus aux salariés qu’à continuer la mobilisation. L’état d’esprit, la combativité manifestés tout au long de cette journée ne laissent aucun doute sur leur volonté de se battre. Rendez-vous est pris avec les animateurs de la lutte pour que Philippe Poutou les rencontre pour à la fois échanger autour de l’expérience des Ford et apporter le soutien sans faille du NPA. Rendez-vous mercredi 21 à septembre à Ingrandes.

Robert Pelletier