Publié le Mercredi 25 juillet 2018 à 15h02.

Ford Blanquefort : la suite après les vacances ?

Enfin l’usine ferme… pour les 4 semaines de congés d’été, jusqu’au 20 août. Ces vacances sont les bienvenues, peut-être plus que d’habitude. Ce sera l’occasion pour l’équipe militante et pour les collègues mobilisés de prendre du repos et de retrouver des forces pour la reprise du travail et surtout on l’espère, la reprise de la bataille pour sauver les emplois. Car même si les perspectives sont plutôt sombres, nous n’abandonnons pas tout espoir de pouvoir influer sur les événements.

En tout cas dans l’usine, dans la tête des collègues, il se passe des choses. Certes la direction déroule son PSE assez tranquillement, les réunions se succèdent, absorbant une grande partie du temps des syndicalistes. Et pendant ce temps, il n’y a pas de mobilisation à proprement parler, pas de mouvement de grève, par contre l’état d’esprit n’est pas vraiment à travailler, c’est le moins que l’on puisse dire. La dernière semaine avant les congés, il y a eu des arrêts de travail « spontanés », en réaction au bas niveau des primes de licenciement et plus globalement à un écœurement, de la fatigue et du ras-le-bol mélangés. Il y a eu des jours avec des productions quasiment à zéro.

Le piège du PSE 

Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de combativité que les collègues ne sont pas en colère, ou pas conscients que Ford se fout de la gueule du monde. Mais rien n’est simple, car beaucoup de choses se mélangent, parfois contradictoires, des sentiments différents, avec la peur du lendemain, la conviction d’être trompés et volés et, en même temps, l’absence totale de perspective autre que de subir les évènements chacun dans son coin.

C’est ça la force du PSE, cet outil qui brise les résistances, sépare tout, individualise tout, met chacun dans une case, qui fait que chaque salariéE regarde ce qui va lui arriver, compte ce qu’il va gagner ou perdre, calcule les années qui lui restent et la meilleure solution pour lui ou elle. Ford veut fermer l’usine et veut virer tout le monde, mais voilà qu’on se fait piéger dans le chacun pour soi. Ça fonctionne mais pas complètement. Car les collègues voient bien qu’il y a quelque chose qui cloche. 

Ça discute dans l’usine, il faut dire que moins on travaille, plus ça laisse du temps pour réfléchir et pour s’occuper de nos affaires. Par petits groupes ou dans les assemblées générales, les idées s’échangent. CertainEs comprennent bien que, si on attend, si on laisse faire, cela ne nous portera pas bonheur. 

Face au piège de l’individualisme, l’équipe militante de la CGT Ford et le noyau de collègues déterminés essaient d’apporter des réponses collectives, d’expliquer que nous pouvons résister et lutter ensemble contre Ford. Que même si les plus anciens veulent partir en préretraite, que d’autres plus jeunes n’attendent que d’aller voir ailleurs et que les autres espèrent encore sauver leur emploi dans cette usine, donc même si nous n’avons pas forcément le même objectif, nous pouvons quand même batailler ensemble car notre force est dans l’unité et non pas dans la division et l’éparpillement.

Imposer le respect de touTEs

C’est ce qu’on met en avant : on ne devrait pas opposer défense de son emploi ou de sa pension de préretraite ou même de sa prime de départ. À la base, nous avons un intérêt commun, celui de préserver l’activité et de sauver des emplois, les nôtres le plus possible et aussi les emplois induits, pour les autres. On ne peut pas être indifférents à ce qui restera ou pas, même si on part à la retraite, même si on veut aller tenter l’aventure ailleurs.

Nous faire respecter, c’est obliger Ford à laisser une activité, c’est aussi obliger les pouvoirs publics à agir dans ce sens, c’est aussi faire en sorte que les plus anciens obtiennent la préretraite sans perdre un seul centime. 

On ne peut y arriver que si Ford a peur de nous, que si nous nous mettons en colère, que si nous sommes unis : il faut une mobilisation des salariéEs pour imposer le respect de toutes et tous. Il faudrait que nous fassions assez de bruit pour être entendus largement autour de nous, de manière à sortir de la résignation générale.

Pour défendre son emploi, son -salaire, son niveau de vie, on a -besoin de croire que c’est possible, on a besoin de se sentir légitimes, on a besoin de confiance en soi et dans notre force collective. Pourquoi cela ne serait-il pas possible ? En tout cas, on va essayer. Nous avons déjà notre rendez-vous du samedi 22 septembre avec l’organisation d’une deuxième manifestation unitaire à Bordeaux, pour un touTEs ensemble contre la fermeture et contre tous les licenciements.

Philippe Poutou 

Toutes les infos sur le site www.cgt-ford.com