Publié le Lundi 10 février 2014 à 16h58.

Fralib (13) : rencontres européennes de « l’économie des travailleurs »

Dans l’usine occupée Fralib à Gémenos, se sont tenues les 31 janvier et 1er février, des rencontres sur un thème trop peu abordé en France : la récupération des entreprises, l’autogestion et le contrôle ouvrier. C’était une première ici, mais qui s’inscrit dans la continuité de rencontres internationales organisées depuis 2007 en Amérique latine.

Plusieurs tables rondes ont permis la présentation de différentes expériences concrètes de récupération d’entreprises, de travaux d’universitaires engagéEs, de réseaux militants, de syndicats (Solidaires, CNT et CGT de l’État espagnol...) venus d’Europe et d’Amérique latine.Les situations sont extrêmement diverses selon les pays et les entreprises. En Argentine, la récupération d’entreprises de tous types est un phénomène massif, plus de 400 entreprises récupérées entre 2004 et 2006. La remise en marche par les salariéEs est une réponse d’autodéfense dans des entreprises capitalistes fermées, en faillite ou abandonnées. Au Venezuela, les salariéEs répondent à la « grève » des patrons et dirigeants en reprenant la production eux-mêmes sous leur contrôle et dans un rapport conflictuel avec le gouvernement qui officiellement soutient cette démarche mais cherche à la contrôler.

« Produire sans patrons »Partout la crise capitaliste et les politiques d’austérité ont reposé le problème de « produire sans patrons ». C’est ce dont ont témoigné les militantEs venus aussi du Brésil, du Mexique, de Grèce, de l’État espagnol, d’Italie... et de France.La récupération est toujours un combat long et difficile. La forme coopérative, sur laquelle elle débouche le plus souvent, n’implique pas l’autogestion, mais l’autogestion est toujours un laboratoire social : elle pose la question de l’organisation du travail, de la démocratie, de la production elle-même, elle a un effet qui dépasse l’entreprise concernée et s’étend aux producteurs fournisseurs, aux habitantEs du quartier...Après l’annulation à trois reprise du PSE et l’annulation des licenciements, les Fralib préparent le redémarrage en coopérative ouvrière d’une production utilisant des produits locaux, bio, en revenant à l’utilisation de produits naturels. Ils se battent contre Unilever qui refuse de céder la marque Éléphant, et appellent à boycotter les produits du groupe. Les Fralib doivent être soutenus largement. Leur projet de reprise autogérée de l’usine illustre concrètement une phrase prononcée par le camarade de Vio Me de Thessalonique : « Ceux dont on pense qu’ils ne peuvent rien faire sont ceux qui peuvent tout faire ! »

Christine Poupin