Publié le Lundi 28 mai 2012 à 10h56.

Fralib : et si c’était maintenant ?

Depuis 600 jours, les salariéEs de Fralib se battent contre la fermeture de l’entreprise. La fermeture et la délocalisation du site de conditionnement des thés Lipton et des infusions Éléphant ont été programmées par le groupe géant de l’alimentation, Unilever. ConvaincuEs de la viabilité économique du site, les salariéEs se battent non seulement contre la fermeture du site mais aussi pour la reprise de l’activité dans le cadre d’une coopérative. Assise sur le travail des experts économiques syndicaux, la reprise est conditionnée à l’acceptation par Unilever de céder l’entreprise et les machines pour l’euro symbolique. Le projet reçoit le soutien du conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur qui prévoit notamment la production des infusions de plantes aromatiques en s’approvisionnant en circuit court en Provence. Craignant l’investissement de l’usine et le déménagement des machines par la direction, les salariéEs ont renforcé l’occupation du site depuis que la justice a été saisie pour ordonner leur expulsion.

Les équipes de garde de l’usine se sont élargies à plusieurs équipes syndicales et unions locales, renforcées par des militants politiques. Le gouvernement précédent avait fait la sourde oreille aux demandes répétées d’intervention faites par les organisations syndicales. Du coup, le nouveau gouvernement et plus particulièrement le ministère du Redressement productif sont attendus avec moins de défiance mais sans illusion exagérée. Hollande et Montebourg se sont prononcés à plusieurs reprises pour ouvrir la possibilité de reprise d’entreprises en cas d’abandon par des groupes notamment internationaux. La possibilité d’une reprise par les salariéEs eux-mêmes entre-t-elle dans ce cadre ?

Saisi par Unilever, le tribunal des référés devait rendre son jugement mercredi 16 mai. Au bout du compte, il donne jusqu’au 1er juin aux différentes parties pour se mettre autour de la table et discuter. Au-delà, la demande d’expulsion des salariés qui occupent l’usine sera exécutoire. Cela dit, ceux-ci imaginent mal le nouveau ministre de l’Intérieur (même si c’est Valls !), donner au préfet l’ordre de faire intervenir les flics à une semaine des élections législatives. Mais, cette « garantie » n’en sera que plus sûre si le rapport de forces se maintient. MilitantEs et salariéEs sont convaincuEs que rien ne sera obtenu sans poursuite de la mobilisation. Et de la solidarité.

Robert Pelletier