Le 17 mai, les salariés de Goodyear étaient au tribunal de Nanterre pour demander l’annulation du PSE concernant le site d’Amiens-Nord. Depuis 6 ans, ils résistent et peuvent se vanter du fait que pas un seul salarié n’ait été licencié.Après l’échec de la négociation avec Titan qui se disait prêt à reprendre la production des pneus agraires (dits Farm), la direction a annoncé en février un plan de fermeture du site d’Amiens, sous prétexte d’une baisse des ventes en Europe. Mais cet argument semble être un pur mensonge. Ayant contacté des distributeurs, on a appris que Goodyear s’est engagé à leur fournir des pneus jusqu’en 2015 au moins. Il est donc clair que si le site d’Amiens fermait, ces pneus devraient bien être produits ailleurs.Délocalisation en coursEt c’est à São Paulo au Brésil que Goodyear semble vouloir délocaliser la production. Pas étonnant quand on sait que le salaire de base dans l’industrie du pneu là-bas tourne autour de 400 euros. Mais le plus grave est que, alors que la direction niait jusqu’à présent toute importation de pneus agraires vers l’Europe, cette délocalisation pourrait être déjà en cours.Et ce serait le même Titan qui serait à la pointe de cette mascarade. Le site de São Paulo lui a en effet été cédé dans le cadre du même accord qui prévoyait la reprise du Farm sur le site d’Amiens. On comprend tout de suite pourquoi Titan n’a pas accepté de s’engager à maintenir la production du site français pour au moins 5 ans : il comptait bien, comme l’ont dénoncé les travailleurs, le fermer pour aller surexploiter les travailleurs d’un autre pays.Contrôle ouvrierLes Goodyear sont ainsi en train de démontrer la complicité entre Titan et leur patron, et de révéler leur plan machiavélique qui ne s’explique que par leur volonté de faire de plus en plus d’argent sur le dos des travailleurs. Au tribunal, Titan a prétexté avoir été convoquée trop tard et a obtenu le report de l’audience au mois de juin.Ce que prouve le cas des Goodyear, c’est que les patrons n’ont aucun scrupule à mentir aux salariés et sont prêts à établir des alliances à l’échelle internationale pour aboutir à leurs objectifs. Il faut en tirer les conséquences et exiger la levée du secret commercial, l’ouverture des livres de comptes pour établir un contrôle sur les affaires. Les contacts pris avec des camarades au Brésil pour confirmer l’hypothèse d’une délocalisation montrent par ailleurs que la solidarité internationale, du côté des travailleurs, est aussi possible.Daniela Cobet
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