Publié le Lundi 22 avril 2013 à 15h35.

Grande minoterie (Marseille) : refuser la fatalité de la fermeture

Depuis le 18 juillet 2012, les 62 salariés de la Grande Minoterie de la Méditerranée – ex-Moulins Maurel – ont entamé un bras de fer avec la multinationale Nutrixo, premier meunier européen, dont l’État possède quelque 11,5 %.Après le rachat de leur usine à Panzani en 2008, via les Grands Moulins Nutrixo-Storione, tout s’enchaîne. Nutrixo fait cesser en 2011 la production de farine sur le site, jugée non rentable (pour la reverser en fait sur les Grands Moulins Storione…), puis refuse la même année de faire perdurer un contrat négocié à la vente avec Panzani, pour finir par annoncer la fermeture de l’usine, qui perdrait trop d’argent… La direction avance des erreurs commerciales, tout en lâchant que les ouvriers auraient refusé d’aménager leur temps de travail, et allant même jusqu’à mettre dans la balance une amende de l’autorité de la concurrence.Pour les salariés, tout a été préparé de longue date pour saborder l’usine et la fermer. Nutrixo  et Panzani se sont répartis les productions : à Panzani, la semoule en quasi-monopole national, à Nutrixo-Storione, la farine en monopole régional. Les bons comptes font les bons amis… S’y ajoute un peu de spéculation immobilière, qui va toujours bon train sous le soleil de Provence.

Résistance contre le PSEDepuis septembre, les salariés sont mobilisés, allant jusqu’à bloquer un matin les entrées et sorties des Moulins Storione. Ils ont fait le tour des pouvoirs publics pour obtenir une table ronde. Ils ont finalement rencontré en octobre 2012 un commissaire au redressement productif. Depuis, la CGT tente de maintenir un collectif de salariés prêt à se battre pour garder l’emploi et la production. En janvier, la direction a été « interdite d’usine » pour quelques heures. Des salariés sont aussi allés à Ivry-sur-Seine, au siège du groupe Nutrixo, pour se faire entendre. Mais la résistance est difficile et la tentation de la « prime au départ » est grande.Les salariés ont finit tout de même par imposer une table ronde le 20 février, et arracher, notamment face aux représentants de l’État, qu’un groupe de travail se mette en place pour étudier toute solution susceptible de sauver l’usine, parmi lesquelles la recherche d’un éventuel repreneur.C’est donc un cabinet de recherche de repreneur diligenté par les salariés qui a présenté le 26 mars le dossier de l’entreprise à ce groupe de travail. Il ne faut rien lâcher !

David et Gérard (Marseille)