12 jours de grève des salariés d'Arkéma ont permis d'obtenir l'augmentation des salaires de 70 euros minimum pour les salaires les plus bas et 2,3% d'augmentation au-delà. 12 jours qui ont construit la solidarité entre les services, les ateliers et les 13 sites en France. 12 jours pour faire ravaler son mépris et son arrogance à la direction. Une victoire qui prépare les luttes à venir face à l'inflation.
Depuis plusieurs mois, le PDG d’Arkéma, Thierry Le Hénaff, fait la tournée des médias financiers et patronaux (Le Figaro le 10/11/2021, sur Boursorama le 15/11/2021, etc.) pour se vanter de l’insolente croissance des bénéfices : « records » en 2020, puis « historiques », en 2021 avec 1,7 milliard d’euros. La première mesure de la direction aura été de dépenser 300 millions en rachat d’actions pour en faire monter le cours en bourse et enrichir les actionnaires. La deuxième mesure pour fêter ça a été de dilapider 5 millions d’euros dans le changement de logo.
13 sites en grève
Pour les négociations salariales annuelles obligatoires (NAO), les salariéEs s’attendaient à toucher de bonnes miettes de ce gâteau. Surtout que tout le monde paie déjà la montée de l’inflation à 3 % (hors logement, énergie…). Alors quand la direction annonce 1,7 % d’augmentation avec un minimum de 50 euros, chacun mesure le mépris et l’arrogance de cette clique pour ceux qui produisent toutes ces richesses.
Dès le 9 décembre, la totalité des 13 sites en France se met en grève. La grève prend dans tous les secteurs et même dans l’encadrement et la recherche. La mobilisation des travailleurs est « historique » elle aussi pour obtenir une augmentation minimum de 100 euros pour tous.
Et durant 12 jours la lutte se construit et se renforce. Jour après jour dans le froid, les assemblées générales reconduisent la grève sur tous les sites. On tient les piquets en musique, on construit des cabanes de palettes comme les Gilets jaunes sur les ronds-points, et parfois on bloque le site. Une coordination des différents sites se met en place sur les réseaux sociaux. Partout, on discute, les vieilles tensions entre secteurs s’apaisent et on se redécouvre. On retisse la solidarité entre travailleurs et on se prépare à tenir dans la durée pour faire plier le patron.
Le prix du mépris
Au bout de 12 jours, la direction est contrainte de revoir sa copie. Elle propose une hausse de 2,3 % des salaires avec un minimum de 70 € et un déplafonnement de l’ancienneté de 21 à 22 ans et quelques euros de plus sur des primes. Le compte n’y est pas tout à fait, mais touTEs les salariéEs voient cette belle victoire. Pour les plus bas salaires, l’augmentation est supérieure à l’inflation officielle. Et pour les plus anciens, qui sont nombreux dans les effectifs, c’est presque les 100 euros qui sont obtenus. Le mépris de la direction lui aura coûté 91 millions d’euros. Le prix du mépris. Ce gaspillage de temps et d’argent laisse un goût amer.
Au 13e jour, les grévistes réunis en AG choisissent majoritairement de mettre fin au mouvement victorieux. La direction a accepté la clause de revoyure tacite dans les prochains mois, si l’inflation dépassait les 3%. Depuis plusieurs semaines, un peu partout en France, les salariés se mettent en grève pour des augmentations de salaire et gagnent des batailles (Leroy Merlin, Dassault…), même si le compte n’y est pas. Alors que les prix continus de monter, les salariés de nouveaux secteurs se mobilisent, comme en ce moment dans les hypermarchés. Et pour d’autres, les NAO vont sont prévues dans les prochaines semaines, comme dans la Pharma et la Santé.
Si par l’inflation, les actionnaires, les spéculateurs, les riches de toutes sortes réussissent à nous reprendre ce que nous leur avons arraché, la solidarité construite durant cette grève sera notre meilleure arme pour les luttes qui s’annoncent.