La mobilisation des travailleurs sans-papiers du groupe La Poste (DPD et Chronopost) ne faiblit pas. Les manifestations et rassemblements se succèdent, au rythme de deux à trois par semaine, avec leurs camarades de l’agence RSI de Gennevilliers.
Jeudi 5 mai, une manifestation partait du siège de DPD France pour rejoindre celui de La Poste. Une délégation composée de grévistes, du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry, de Solidaires et de Sud PTT a été reçue. Une fois n’est pas coutume, les représentantEs côté Poste n’étaient pas seulement des troisièmes (voire quatrièmes) couteaux. La DRH de Géopost, holding qui gère l’ensemble du secteur du colis express (donc DPD et Chronopost), faisait en effet partie de la délégation patronale.
La Poste ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît
C’est qu’il y avait une annonce à faire. Pour la première fois, les dirigeants du groupe ont reconnu que des travailleurs sans-papiers étaient employés dans les unités de production du colis (cette évidence était jusqu’alors niée, de manière totalement absurde)… Ou plutôt « avaient été employés », puisque dans le même mouvement La Poste a annoncé la prochaine résiliation des contrats qui la lie au sous-traitant Derichebourg. Une soudaine prise de conscience des conséquences néfastes du système de sous-traitance qu’elle a elle-même mise en œuvre ?
Pas vraiment ! Les seuls sites concernés par cette résiliation sont précisément ceux touchés par la grève, Le Coudray-Montceaux et Alfortville. La Poste prétend sans honte qu’ailleurs, il n’y a aucun problème. Une tentative particulièrement minable de se couvrir, la médiatisation de la situation des sans-papiers permise par le conflit faisant mauvais genre. Mais il s’agit aussi d’une remise au goût du jour du vieux système du lock-out, à savoir l’interruption de l’activité, du fait des patrons, pour contrer une grève. Une pratique interdite, mais que l’usage de la sous-traitance permet de fait. Les dirigeants de La Poste ne reculent décidément devant aucune méthode, même les plus abjectes. Mais s’ils imaginent retirer ainsi ne serait-ce qu’une once de combativité aux grévistes, ils en seront pour leurs frais.