Publié le Jeudi 14 avril 2016 à 21h29.

Indignation à Air France

Une semaine de grève dure aux hangars avion Air France Orly, impliquant 200 salariéEs, deux avions B777 bloqués quatre jours, entraînant des pertes de plusieurs centaines de milliers d’euros...

Pour travailler sur avion, il faut une autorisation délivrée par la préfecture, le fameux « badge rouge ». Le retrait du badge, c’est l’impossibilité de travailler, et Air France rompt alors le contrat de travail... Résultat, le salarié se retrouve sans indemnités, même pas celle du chômage. Sud Aérien avait obtenu une décision de la Cour de cassation en 2012 imposant le reclassement du salarié dans un secteur non soumis à badge. Car l’employeur a une obligation de reclassement, ce qu’Air France n’accepte pas.

Jeudi 31 mars, un mécano avion s’est vu convoquer par sa hiérarchie suite à un refus de badge, et sommé de prendre toutes ses vacances, voire un congé sans solde, en attente du recours déposé à la préfecture. Ce refus du badge est liée à une bagarre ayant opposé il y a deux ans le salarié à un automobiliste, violence pour laquelle il a été condamné et a payé. Pour le préfet, ce salarié est potentiellement délinquant et pourrait donc être « dangereux »...

Débrayage et assemblées générales

Le soir même, son équipe a débrayé. Le lendemain, 50 mécaniciens se sont réunis, l’émoi s’est propagé, la direction annonçant sa position de principe : si pas de badge, refus de le mettre dans un autre secteur. Les travailleurs étaient indignés, car sur le centre d’Orly, deux ateliers regroupant chacun 800 salariéEs n’ont pas besoin de badge... Durant le week-end qui a suivi, les équipes de 3x8 ont donc refusé de travailler sur les deux avions en sortie, et des AG se sont tenues matin et soir. Le mouvement a connu son apogée mardi 5 avril. La direction a annoncé que le salarié est pour l’instant payé jusqu’à la fin du mois, une partie en congés et une partie sur les heures de son syndicat Unsa.

Progressivement le mouvement a reflué, mais les questions posées restent intactes. En attente du recours, la parole se libère, et l’on découvre que de nombreux salariés ont des ennuis avec la justice : divorces tumultueux, incidents de circulation ou de voisinage, excès de vitesse, altercations avec des forces de l’ordre… L’avenir de centaines de salariés est donc suspendu à un possible pétage de plomb, ce qui peut arriver à tous.

La direction a annoncé une réunion avec tous les syndicats le vendredi 22 avril pour étudier les mesures préventives.

Correspondant