Gare Saint-Lazare à Paris. Entre cheminots on s’imagine à la sono, alertant les usagerEs : « Vous avez pris place à bord du cluster de 16 h 12 pour Rouen »… C’est de cela qu’il s’agit.
La région Normandie et la direction SNCF font rouler des trains au compte-gouttes pour raisons d’économie, avec des « trous » de quatre heures en journée pour Rouen et Évreux. Les voyageurEs sont donc allègrement transportés les unEs sur les autres. Le virus capitaliste sévit contre les usagerEs et les cheminotEs aussi, dont les conditions de travail et les salaires font les frais. Non sans réactions, actuellement au stade de flammèches.
Attaques de la hiérarchie…
Les « réorganisations » et « suppressions de postes » continuent, même si la novlangue managériale évite de parler de licenciements. Mais priorité à la « productivité ». Le « management agressif » est partout : pressions pour le retour au travail de « cas contact » ; flicage accompagné de convocations et sanctions disciplinaires ; lutte anti-fraude (dite LAF dans le jargon) qui envoie les contrôleurEs au front contre les usagerEs en pleine pandémie. À la SNCF, seul le coronavirus voyage gratis !
Côté salaires, c’est la huitième année sans augmentation. Et le Covid a été – et reste – le prétexte à des baisses de rémunération, entre autres par le recours au chômage partiel qui s’accompagne de vol de repos et/ou de congés. La direction de la SNCF se flatte d’un accord récemment signé avec l’UNSA, la CFDT et SUD (la CGT a refusé), prolongeant de dix-huit mois le recours à ce chômage partiel. Les signataires parlent d’une sorte de régime de faveur, payé à 90 % du salaire… sauf que c’est surtout tout bénéfice pour la SNCF et que l’État et les patrons chercheront à reprendre cet argent – qui n’est pas magique – dans nos poches. Ceux qui ont raison, ce sont les militantEs qui s’efforcent sur le terrain de préparer les salariéEs aux combats nécessaires pour les salaires et l’emploi.
… et réactions
Des conducteurEs ont fait des journées de grève sur les secteurs de Paris Rive Gauche et Saint-Lazare (en décembre, puis janvier et février), contre une direction avide de gains sur leurs nouveaux roulements (ou organisation des journées de travail). Quelques satisfactions ont été données. Un réseau de conducteurEs déterminés s’est ainsi forgé, par-delà les étiquettes syndicales.
Des conducteurEs de Saint-Lazare, aiguilleurEs de Paris-Est, agentEs de maintenance des voies du RER à Paris Nord ont tenté des grèves de cinquante-neuf minutes à leurs prises de poste – certes minimales et qui permettent difficilement l’organisation collective des grévistes. Mais elles dénotent une ambiance qui est loin d’être à la résignation. Des commerciaux, principalement de la ligne C, se sont aussi rassemblés devant les bureaux de la direction. Des débrayages et assemblées générales ont lieu, également, dans des technicentres TGV, au Landy, à Châtillon, à Villeneuve-Saint-Georges. Toujours pour les salaires et les effectifs.
Des équipes – certes réduites – de cheminotEs se sont rendues sur les piquets de grève des raffineurs de Grandpuits. Animés eux aussi par le besoin d’une riposte collective.