Le gouvernement et une partie des médias ont engagé une campagne choc contre les cheminots pour tenter de faire approuver la réforme de la SNCF. C’est une manoeuvre classique qui consiste à diviser les travailleurs et la population. Comme l’a dit Olivier Besancenot à l’émission On n’est pas couché : «Ceux qui gagnent 15 000 euros par mois veulent faire croire à ceux qui en gagnent 1200 que ceux qui en gagnent 1500 sont des privilégiés et que c’est à cause d’eux que tout va mal ».
Le statut des cheminots est une garantie pour les voyageurs
Ce statut permet par exemple aux cheminots de refuser de faire passer des trains quand ils constatent un danger, sans risquer licenciement. Nous savons bien que, sans protection, ils seraient obligés de céder aux pressions d’un encadrement qui veut les faire rouler à tout prix. Les récents accidents, comme celui de Juvisy, ont montré où mène le manque d’entretien et de personnel.
Les quelques autres acquis dont bénéficient les cheminots, qui n’ont rien à voir avec la propagande sont on nous abreuve, les travailleurs du rail les ont gagné par la lutte. Ce qu’il faut imposer, c’est l’égalisation par le haut, et non l’égalisation par le bas !
Le statut des cheminots n’est responsable ni des prix des billets ni des retards
Les voyageurs ont bien des raisons d’être mécontents, avec les retards et les pannes qui se multiplient, et des tarifs variables incompréhensibles. Mais c’est un choix de la SNCF, et derrière la SNCF de l’Etat, qui a consisté à privilégier le « tout TGV », censé être plus rentable, et à négliger l’entretien des petites lignes de TER et celui du réseau RER. Les syndicats de cheminots ont maintes fois dénoncé ces choix. La réduction des équipes d’entretien et le non remplacement du matériel pour faire des économies ont entraîné d’innombrables pannes, notamment des défaillances de caténaires et des aiguillages.
Il faut savoir que l’embauche hors statut et l’utilisation de plus en plus systématique de sous-traitants, d’intérimaires, de CDD etc par la SNCF a largement contribué à dégrader le réseau. Pour faire rouler des trains, entretenir les voies ferrées, il faut un personnel qualifié et expérimentés, pas des intérimaires payés au lance-pierre par des sous-traitants incompétents qui ne cherchent qu’à faire du fric.
Non, la SNCF ne coûte pas trop cher
La SNCF doit rester un service public qui n’a pas pour mission de faire du fric, tout comme par exemple la Santé ou l’éducation nationale. Sa mission est d’offrir à la population des moyens de transports pratiques et confortables. De plus, la propagande du gouvernement est mensongère : en 2017, la SNCF a multiplié son bénéfice net par 2,3 et réalisé 1,3 milliard de profit. Ce qui coûte de l’argent à l’Etat, la fameuse dette, c’est l’entretien du réseau confié à une société distincte, puisque la SNCF a été découpée en morceaux. Mais l’objectif du gouvernement, c’est de transmettre tout ce qui rapporte au privé, en continuant à mutualiser, c’est à dire à faire payer par le contribuable, ce qui coûte de l’argent.
Les petites lignes restent menacées par la privatisation
Selon une tactique traditionnelle, le gouvernement a annoncé que, contrairement aux propositions du rapport Spinetta, les petites lignes ne seraient pas touchées. L’objectif est évidemment de ne pas avoir à faire face en même temps aux cheminots et aux usagers de ces lignes, de les diviser. Mais qui peut croire une seconde que cette promesse sera tenue ? Il est évident que, si la SNCF est privatisée, les sociétés privées qui s’en empareront ne feront rouler que ce qui leur rapporte de l’argent. Et au moindres frais, en économisant encore sur l’entretien et la qualification des personnels. Plusieurs exemples de privatisations sont là pour le prouver. En Angleterre, où cette privatisation a abouti à de nombreux accidents, au point que l’immense majorité de la population souhaite aujourd’hui une re-nationalisation. En Argentine, où on avait privatisé même le RER de Buenos aires, les résultats ont été catastrophiques, notamment avec le terrible accident de la station 11 qui a fait 50 morts et 500 blessés en 2012, ce qui a soulevé la colère et obligé le gouvernement à faire machine arrière.
Les cars Macron : une aberration écologique
Déjà, depuis des années, la politique des divers gouvernement a abouti à remplacer le transport du fret par rail par le transport routier – ce qui a d’ailleurs fait perdre beaucoup de recettes à la SNCF. Maintenant, c’est le transport voyageurs, notamment les petites lignes, qui serait effectué par cars. Or « le train dégage environ 3,5 fois moins de gaz à effet de serre que le camion par tonne-kilomètre (transport d’une tonne sur un kilomètre ». (Le Parisien 9 septembre 2016). Sans compter les routes engorgées, les risques d’accident et la fatigue !
Nous sommes tous concernés
Cette attaque ne concerne pas que les cheminots, elle frappe aussi l’ensemble des salariés de la santé, de l’éducation et d’une manière générale de la fonction publique. Les salariés du privé sont aussi concernés car ils vont voir leurs conditions de transport, de soins, d’éducation pour leurs enfants se dégrader. Et laisser affaiblir un secteur important comme celui des cheminots, c’est affaiblir l’ensemble des travailleurs.
Pour toutes ces raisons, nous devons, non seulement soutenir la lutte des cheminots contre cette réforme rétrograde, mais nous préparer à lutter à leurs côtés pour riposter aux attaques de Macron contre toutes les catégories, notamment les retraités victimes de la hausse de la CSG et les étudiants.
La lutte des cheminots est la notre, soyons nombreux dans le mouvement le 22 mars.
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Vous pouvez visualiser sur Internet les interventions de notre camarade cheminot Benoît Chazerand sur France 24 du 3 mars :
Et celle d’Olivier Besancenot dans l’émission On n’est pas couché :