Entretien avec le personnel de l'agence du Crédit immobilier de France (CIF) de Perpignan, réalisé parle comité NPA de Perpignan, le lundi 1er octobre, après une première visite le vendredi 28 septembre.
Pourquoi ce mouvement ?
Après la dégradation de trois points de la note du Crédit immobilier de France, en mars dernier par l’agence américaine Moody’s, demandant qu’il s’adosse à une banque de dépôts, après le refus en août de la Banque postale d’être cette banque et une nouvelle dégradation par Moody’s, le gouvernement a garanti les crédits déjà faits mais a programmé l’extinction du CIF, ce qui aura pour conséquence dans quelques semaines le licenciement de 2 500 salariéEs (dont 70 % sont des femmes).
Quelle est votre forme d’action ?
Nous sommes toutes et tous en grève illimitée (avec pour le moment maintien intégral des salaires). Les directeurs régionaux sont aussi en grève. Pour les tracts et les manifestations il faut tenir compte de l’avis de touTEs. Nous espérons encore une issue favorable mais nous pouvons aussi être toutes et tous licenciéEs en décembre. L’action est difficile parce que dans chaque agence nous sommes peu nombreux, dix ici à Perpignan par exemple (mais 2 500 en tout en France).
Pourquoi une telle décision du gouvernement selon vous ? Pourquoi sacrifie-t-il ainsi les 2 500 salariéEs d’un établissement financier utile et par ailleurs non déficitaire ?
Le CIF dispose d’une « cagnotte » de 2,4 milliards d’euros en fonds propres, ce qui semble intéresser le gouvernement pour son budget 2013 !
Mais n’est-ce pas en contradiction avec la priorité aux logements sociaux annoncée par le gouvernement et en particulier par Cécile Duflot ?
Si, bien sûr, le CIF est aujourd’hui un acteur majeur du mode HLM, œuvrant pour des missions sociales et la construction de logements sociaux. De plus, l’accession à la propriété de quelques 100 000 foyers « modestes » par an grâce aux prêts du CIF libère autant de logements pour les mal-logés et ceux qui sont inscrits sur les listes des Opac et autres organismes HLM. Par ailleurs, 100 000 accédants de moins à la propriété, c’est 200 000 emplois de moins dans la construction.
Et qu’est-il prévu pour vous, les salariés ?
Rien de précis pour l’instant, le gouvernement parle de faire appel à la solidarité des autres acteurs financiers, aux banques pour nous embaucher. Mais les banques cherchent aussi à réduire leurs personnels !
Quelles suites à la lutte ?
On ne sait pas trop parce que la direction est très impliquée pour l’instant dans cette lutte ce qui rend les choses complexes. En plus nous n’avons pas l’habitude de la grève et des luttes. Pour l’instant, nous nous sentons très isolés, nous n’avons le soutien d’aucune organisation politique ou syndicale locale, pas plus d’ailleurs que des associations qui se battent pour le « droit au logement pour tous » alors que notre disparition sera lourde de conséquences pour l’habitat social.
Vous, le NPA, êtes les premiers de Perpignan à nous apporter votre soutien. Vous pourriez peut-être nous aider à organiser une conférence de presse avec les correspondants des journaux locaux et des radios.