Publié le Dimanche 3 octobre 2010 à 21h38.

Lejaby toujours occupé

Depuis le 16 septembre, 200 salariées occupent le siège de Lejaby, à Rillieux, près de Lyon, (voir Tout est à nous ! n°70). L’entreprise de lingerie a décidé de fermer trois usines à Teil (Ardèche), Bellegarde et Bourg-en-Bresse (Ain). La direction délocalise leur fabrication au Maghreb et en Hongrie. Les salariées bloquent les camions. Parce qu’elles ont convaincu des chauffeurs venus chercher du tissu pour la Tunisie de rebrousser chemin, l’entreprise a réclamé au tribunal le respect de « la propriété privée sur son portail » face à des ouvrières qui défendent leurs emplois ! Tout est à nous ! a rencontré Marie-Christine Rochon, déléguée CGT. Comment en êtes-vous arrivées à réclamer une prime supra légale de départ1 ?Le 16 septembre, la fermeture a été annoncée pour mi-novembre, malgré une bataille depuis mars pour le maintien des sites et l’expertise qui montre que cela ne coûte que 6 millions d’euros contre 15 millions pour la délocalisation. On se bat toujours pour l’emploi, la poursuite et le regroupement de l’activité à Bourg. Mais certaines salariées nous ont dit « c’est fini, on n’y croit plus, on arrête de travailler tout de suite pour avoir une somme décente ». Comment vous organisez-vous, quel soutien attendez-vous ?Les ateliers du Teil, Bellegarde et Bourg sont en grève et le magasin d’usine du Teil est occupé. Les ouvrières passent chacune quelques jours ici par roulement, car elles sont à deux heures de Rillieux. Nous n’imaginions pas l’aide que nous pouvions recevoir, c’est cela qui permet de tenir. Des particuliers nous apportent à manger, des partis et la mairie nous soutiennent. L’intersyndicale envisage d’aller à la rencontre d’autre boîtes car, si on ne peut plus bloquer le siège, il faut faire autrement. Quel est le lien avec la lutte actuelle pour les retraites ?Sarkozy exige qu’on travaille plus longtemps mais on nous vire à 50 ans : qu’est-ce qu’on va devenir ? Une collègue à la retraite après 43 ans de versement de cotisations touche 930 euros. Pour des femmes au Smic, qui ont pris des congés parentaux, qui vont se retrouver au chômage sans cotisation à la retraite complémentaire, la réforme signifie qu’il faudra bosser au-delà de 67 ans ! 1. Les Lejaby revendiquent une indemnité complémentaire de 20 000 euros + 600 euros par année d’ancienneté, sachant que la lutte a déjà fait monter cette prime à 12 000 euros + 420.