Août 2009, les salariés d’Arvato Digital Service, à Forbach (Moselle), apprennent que leur société vend son secteur imprimerie et son personnel hautement qualifié à un groupe hollandais, Lithorade, pour un « partenariat sur le long terme » selon les mots de S. Deutschmann, le PDG. Arvato est plus connue sous le nom de Sonopress Bertelsmann, spécialisée dans la fabrication de CD audio dont le client unique est Sony/BMG. L’atelier injection et emballage n’est pas vendu… ce n’est donc qu’une petite partie des locaux et 48 salariés qui sont bradés à Lithorade en septembre dernier pour 1 euro. Les PDG avaient alors déclaré souhaiter « élargir [leur] clientèle tout en garantissant une flexibilité maximale »… Depuis le 21 janvier 2010, la moitié des salariés de Lithorade était menacée de licenciement ! Après beaucoup de promesses de primes, début février, l’entreprise dépose le bilan et les laissent tous sur le carreau. Dans le même temps Arvato, du groupe Bertelsmann, décroche pour l’été un contrat avec le géant de la musique Universal. Patrice Wurtz, salarié de Lithorade et auparavant de Bertelsmann, explique : « Nous avons de bonnes raisons de penser qu’il y a bien eu un arrangement entre ces grands patrons : Sonopress vend 48 salariés à Lithorade qui nous vire. Le nom de Sonopress Bertelsmann n’est pas cité, tout le monde s’y retrouve sauf, une fois de plus, les ouvriers. Résultat, 48 salariés vont être mis à la porte et Sony/BMG et Universal vont se partager tout le marché du CD audio. À ce jour, nous n’avons toujours pas reçu notre salaire. Comme lot de consolation, nous aurons moins de 2 000 euros pour une ancienneté de sept ans ! Bertelsmann réalise un coup de maître en achevant 48 salariés sans tenir compte de leur dignité. » Comble de l’histoire, Arvato Digital Services a entamé une procédure en justice pour réclamer 800 euros aux salariés de Lithorade qui ont bloqué les locaux de Bertelsmann pendant une semaine ! L’avocat d’Arvato a même insinué que les salariés avaient mis en danger l’emploi de leurs anciens collègues. Aujourd’hui, les salariés ont l’impression « d’être complètement abandonnés » et broyés par une logique libérale « où tout est permis ». Mais ils ne vont pas en rester là. C’est à la boîte-mère Bertelsmann qu’ils vont d’adresser pour se faire payer… Lors de son installation en 2001, Bertelsmann a reçu des subventions à hauteur de 360 000 euros dont près de 150 000 de la part du conseil régional. Pourtant, la majorité actuelle PS–PC-Verts ne s’est en rien engagée à récupérer l’agent public versé et protéger les salariés. Pour maintenir les emplois, la solution ce n’est pas les subventions publiques aux entreprises privées. Ce qui se passe aujourd’hui chez Lithorade, c’est ce qui se produit dans toutes ces boîtes qui licencient, ce que subissent les salariés à qui l’ont veut faire payer la crise. Face à cette situation, la solution est l’interdiction des licenciements que les travailleurs peuvent imposer par leur mobilisation. Il faut prendre sur les profits pour maintenir les emplois. Hélène Hebenstreit