Publié le Vendredi 6 novembre 2009 à 16h26.

Luxembourg, les salariés paient la crise

La crise n’épargne pas le Luxembourg. Outre les banques qui licencient, le Grand-Duché compte aussi des industries touchées de plein fouet, notamment dans les secteurs sidérurgique (ArcelorMittal) et automobile (Goodyear). Villeroy & Boch est un des fleurons historiques de cette industrie locale. Ou plutôt était. Car en mars dernier, la direction annonçait la fermeture du site avec ses 230 salariés, malgré des bénéfices réalisés en 2008 et 2009 et après deux plans sociaux (au total, 300 licenciements en 2003 et 2006).La direction a fait preuve d’une arrogance révoltante en refusant de payer plus que les indemnités légales. Pendant plusieurs mois, les discussions ont piétiné et la direction a continué de proposer des sommes dérisoires. De plus, « la direction a commencé en mars à mesurer le temps qu’il fallait pour démonter une machine et cela devant nos yeux ! », expliquait une salariée. Les travailleurs avaient la volonté de mettre la pression dès le départ, mais ils en ont été dissuadés par leurs syndicats qui ne voulaient pas transgresser la loi luxembourgeoise, très restrictive sur le droit de grève. « Il aurait fallu réagir plus tôt, on a l’impression que c’est trop tard, les stocks de marchandises ont été vidés ! Nous avons joué le jeu depuis mars en assurant un travail de qualité ! »Le 21 octobre, les salariés déclenchaient pour la première fois une grève pour se faire entendre dans les négociations. Mais la direction est restée ferme : 25,95 euros par mois d’ancienneté alors que les travailleurs revendiquent 225 euros par mois, soit un peu plus que l’indemnité obtenue en 2003. « C’est la crise des patrons mais c’est nous qui payons », s’énerve une travailleuse. Le 26 octobre, les travailleurs ont manifesté devant le siège social à Mettlach (Allemagne) pour n’obtenir que 70 euros par mois ; les ouvriers ont donc de nouveau bloqué l’usine. Le surlendemain, la direction a menacé de licenciements pour faute grave si la production ne reprenait pas. Pris à la gorge, les salariés ont repris le travail.Mais le combat n’est pas terminé. Les Villeroy ont montré à tous qu’on ne devait pas se laisser guider vers l’abattoir. Pour poursuivre la lutte, ils auront encore besoin de courage et de solidarité. Mal­heureusement, ces derniers jours, les soutiens étaient rares : hormis des délégués syndicaux investis, aucune entreprise extérieure ne les a soutenus et les directions syndicales nationales sont restées discrètes.Seul André Hoffmann, député de La Gauche a interpellé le ministre du Travail au Parlement, qui lui a répondu sur le mode « je voudrais bien mais je ne peux point » !Chez Eurostamp (sous-traitant auto) à Villers-La-Montagne (Meurthe-et-Moselle), les travailleurs attendent les noms des 107 licenciés. Chez Delphi, à Bascharage (Luxembourg), 110 emplois vont passer à la trappe. Quelques kilomètres et une frontière séparent ces deux entreprises et Villeroy n’est pas loin. Contre cette offensive patronale sans frontières, la convergence des luttes doit s’organiser. C’est une urgence et c’est le mot d’ordre central du comité NPA transfrontalier Longwy-Luxembourg.NPA Longwy-Luxembourg