Publié le Jeudi 4 mars 2010 à 16h04.

Marbot Bata : un beau combat

Le 6 février, les salariés de Marbot Bata de Neuvic (Dordogne) ont rencontré le ministre du Travail, Xavier Darcos, à la préfecture de Périgueux. Ils étaient soutenus par un rassemblement d’une centaine de syndicalistes. Darcos leur a promis une revitalisation de la vallée de l’Isle, avec deux millions d’euros débloqués par l’État et un nouveau plan social avec de véritables offres de reclassement, dans le cadre de la réunion d’un comité d’entreprise exceptionnel. Des offres de postes de caissières devraient leur être faites dans l’Intermarché de Montpon. Ce qui signifie malheureusement des CDD à temps partiel, soit un statut de travailleur pauvre. Par ailleurs, une boîte locale devrait recruter d’anciens salariés de Bata, mais on ignore encore sous quel statut et à quelles conditions. Il s’agit d’un progrès incontestable, au regard du premier plan social misérable qui leur avait été proposé. Pendant des décennies, les salariés de l’entreprise Marbot-Bata ont fabriqué des Rangers pour le ministère de la Défense. Mais la décision de Morin de confier le contrat des chaussures de l’armée à une entreprise allemande (en réalité, une simple boîte aux lettres, les chaussures étant fabriquées en Roumanie ou au Maroc), a précipité la fin de l’entreprise Marbot à Neuvic. Résultat : en septembre 2009, tous les salariés (dont beaucoup de femmes) sont licenciés. Un premier plan social proposait aux salariées trois heures de ménage à Paris ou un CDD de vingt heures à Montpellier, alors qu’elles ont toutes des logements achetés à crédit à Neuvic.Le 17 décembre, le tribunal annule le plan social, en raison de l’insuffisance des offres de reclassement. Les salariés se battent de toutes leurs forces. Deux syndicats sont de la partie : la CFTC, avec Annette Royez, « meneuse » de cette lutte ; et la CGT, dont un ancien responsable de la boîte. Le « succès » de la rencontre avec Darcos n’a d’autre origine que le fait que celui-ci se présente aux élections régionales contre le socialiste Rousset, et qu’il veut faire croire aux électeurs qu’il a la fibre sociale ! Ce qui, venant d’un ancien maire de Périgueux qui n’a jamais rien fait en matière d’emploi pour sa ville, d’un ancien ministre de l’Éducation nationale qui a jeté dans la rue des milliers de jeunes, avec son projet de masterisation, d’un ministre du Travail qui œuvre, sans complexe, à l’allongement de la durée des cotisations pour bénéficier d’une pension de retraite à taux plein est, évidemment, difficile à croire ! Même avec ce nouveau plan, on est encore loin du compte : à savoir un contrat à durée indéterminée, à qualifications égales et à durée de travail égale.Les combats pour la défense de l’emploi sont très difficiles à mener, et encore plus en Dordogne, un département profondément sinistré. Dans ce contexte, les avancées obtenues par la seule mobilisation très courageuse des salariés de Neuvic sont plus qu’appréciables. Il faut donc suivre de près et soutenir sans nuance le très beau combat syndical des Marbot-Bata : ils le méritent ! Brigitte Pascal (commission précarité du NPA)