Publié le Mercredi 28 novembre 2012 à 16h44.

Non au chômage ! Travailler moins pour travailler toutes et tous !

Le ministre du Travail Michel Sapin avait bien prévenu : les chiffres des inscritEs à Pôle emploi « seront mauvais » une fois encore et le resteront « pendant plusieurs mois » en dépit des efforts du gouvernement pour stopper « la machine à créer le chômage »…

Un trucage massifL’existence d’un chômage massif, « l’armée industrielle de réserve »  ne date pas de la crise et des politiques d’austérité. Dès le milieu des années 70, le nombre de chômeurEs s’est accru brutalement pour tourner, officiellement, autour des 10 %. Et dès le début de cette augmentation, les gouvernements se sont efforcés de brouiller les cartes en modifiant et multipliant les catégories et leurs contours. D’après ces chiffres officiels, le cap des 3 millions de chômeurs aurait été franchi fin septembre 2012. En réalité, il ne concerne qu’une frange des chômeurs : ceux de catégorie A, inscritEs à Pôle emploi n’ayant exercé aucune activité le mois précédent et résidant en métropole. L’amalgame entre le nombre de chômeurEs et et celui des inscritEs à Pôle emploi de catégorie A sert à masquer la gravité de la situation. Car ce chiffre a augmenté de près de 10 % en un an, mais la réalité est encore plus dramatique. Rien qu’en rajoutant les DOM-TOM, on arrive au total de 3 259 200 personnes, et en prenant l’ensemble des catégories de Pôle emploi, on arrive à 5 090 500, un chiffre en augmentation de 7,7 % en un an. Et sur ces 5 millions d’inscritEs, un peu moins de la moitié, soit 2,47 millions, est indemnisée… et ils sont de moins en moins nombreux à l’être. Les nouveaux modes de calcul, couplés au fait que les nouveaux inscrits ont peu travaillé auparavant, font qu’un demandeur d’emploi perd plus rapidement son droit à l’indemnisation. Il faut aussi prendre en compte les bénéficiaires du RSA, dont plus de la moitié ne sont pas inscrits à Pôle emploi, ainsi que les « dispenséEs » de recherche d’emploi : salariéEs malades, en formation ou bénéficiant d’un contrat aidé, seniorEs de plus de 56 ans. Enfin, une partie des personnes qui travaillent à temps partiel n’ont pas le choix. Ce temps partiel subi concerne près de 1,5 million de personnes, dont 70 % de femmes. Il faut ajouter les grandEs oubliéEs des statistiques officielles que sont les radiéEs des listes de Pôle emploi. Les chiffres de Pôle emploi font ainsi état d’environ 200 000 « cessations d’inscription pour défaut d’actualisation » par mois et donc sorties de Pôle emploi. Compte tenu de l’explosion du nombre de chômeurs de longue durée (+ 9,4 % en un an), les découragéEs de Pôle emploi sont aussi de plus en plus nombreux. Ces personnes finissent par perdre le bénéfice de leurs indemnités chômage, basculent dans les minima sociaux et sortent du marché du travail par découragement. Au total, si plus de 5 millions de personnes sont inscrites dans les différentes catégories de Pôle emploi, il y a au moins 8 millions de personnes recherchant un travail, soit 28 % de la population active.

L’urgence sociale et politiqueDans le même temps, les emplois précaires se multiplient et servent de variable d’ajustement partout où le patronat engage des restructurations pour sauvegarder profits et dividendes. Au cœur de ce désastre social, les femmes et les jeunes sont encore plus frappéEs. Dans les zones urbaines sensibles, ce sont plus de 40 % des 15-24 ans qui sont au chômage et moins d’une femme sur deux âgée de 25 à 64 ans occupe un emploi.Derrière ces chiffres ce sont des drames humains intolérables. Et donc une urgence sociale et morale, et politique. Les revendications des organisations de chômeurs sont les nôtres. La revalorisation des indemnisations, revenus et retraites, l’accès à de vraies formations librement choisies, l’arrêt immédiat des radiations-sanctions, la revalorisation de l’allocation exceptionnelle de fin d’année (dite « prime de Noël ») à 500 euros pour touTEs et la réforme de Pôle Emploi (avec plus de moyens pour accompagner les chômeurs avec séparation des deux fonctions d’indemnisation et accompagnement vers l’emploi) : voilà les mesures d’urgence que devrait prendre un gouvernement de gauche.Mais pour engager une réelle politique de lutte contre le chômage et la précarité, la réduction du temps de travail pour permettre l’accès de toutes et tous à un emploi stable, l’interdiction des licenciements, la création de postes dans la fonction publique, doivent être à l’ordre du jour, maintenant ! Les 20 milliards de cadeaux du gouvernement au patronat trouveraient là une bien meilleure utilisation.

Robert Pelletier

Manifestation : Samedi 1 Décembre 2012

14h place de Stalingrad (75019) en direction de la place de Clichy